il y a 4 jours
L’été qui craque
Avec Canto Due, Kechiche nous replonge dans la continuité immédiate de l’été solaire et suspendu du premier volet. On retrouve Amin, Tony, Ophélie et tous les autres comme si rien n’avait bougé,...
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Avec Canto Due, Kechiche nous replonge dans la continuité immédiate de l’été solaire et suspendu du premier volet. On retrouve Amin, Tony, Ophélie et tous les autres comme si rien n’avait bougé, comme si cette parenthèse oisive pouvait durer éternellement. Mais très vite, on sent que ce n'est plus pareil, les corps bougent toujours autant, les regards se frôlent, mais le réel commence à rattraper tout ce petit monde. Et, surtout, un réel que les personnages refusent d'abord, rejettent.
Comme souvent chez Kechiche, l'émotion passe par des détails minuscules, un geste raté, un silence qu’on laisse traîner trop longtemps, un sourire qui en dit plus qu’un aveu. On lit régulièrement dans les personnages les désirs, les frustrations ou les alliances nouvelles. Mais contrairement au premier volet, Kechiche écourte davantage. Les plans sont moins longs, un peu moins crus aussi. On sent qu’il ne s’agit plus seulement de filmer les plaisirs simples (les boîtes, la plage, les moments de fête) mais d’accompagner leurs fissures.
Et au centre, il y a Amin. Il flotte, comme toujours, entre les autres. Pas bête, pas maladroit, plutôt beau gosse même, mais incapable de faire le premier pas, de totalement s'amuser au sein du groupe. Non pas par manque d’envie mais parce qu’il y en a une qu’il aime déjà, depuis longtemps, trop fort. Kechiche lui offre d'ailleurs une incroyable preuve d'amour, qui tient en une phrase, une réplique, pudique, mais d’une émotion brutale, continuant à donner une densité à ce personnage d’observateur silencieux.
Autour de lui, tout s’agite : Tony qui joue au con jusqu’au vertige, Ophélie qui tente de tenir debout face à tout ce qui lui tombe dessus mais qui voit l'étau se resserrer autour d'elle, un producteur bavard dont les promesses ressemblent plus à des pièges qu’à des opportunités. Et puis les scènes de groupe, immense plaisir encore une fois. Comme la discussion au restaurant où tout le monde parle en même temps et où personne ne s’écoute vraiment, mais où la vie circule sans filtre. Kechiche filme la gêne, les interruptions, les éclats de rire nerveux, et c'est émouvant.
Le film est beau, drôle, tendre parfois, mais traversé d’ombres.
Kechiche passe par le thriller un peu fou, totalement sous tension avant l’incursion de la police dans la dernière partie qui marque un retour encore plus fracassant au réel. La guerre est même évoquée via le personnage de Clément. La fête cesse d’être un refuge, à mon sens l’illusion d’un été sans conséquence qui vole en éclats.
On trouve tout de même de très beaux instants, minuscules mais déchirants. Et puis il y a le malaise, omniprésent, cette manière qu’a Kechiche de nous faire rester un peu trop longtemps dans des situations inconfortables, et c'est génial, vrai et drôle.
La dernière partie est d’une tension incroyable. Le rythme se resserre, les enjeux rattrapent tout le monde, et la scène finale (superbe, déchirante) rappelle clairement La Graine et le Mulet : c'est tragique, avec ce même sentiment d’impasse.
Au fond, Canto Due ne cherche plus l'éblouissement du premier volet, c'est le réel qui rattrape les personnages, l’illusion d’un été sans conséquence qui vole en éclats. C'est beau, sous tension, triste, drôle, tendu et émouvant.
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