Première rencontre entre deux sacrés acteurs, on dirait d’ailleurs que le film a été fait exprès pour ça. L’histoire du casse est assez classique, le film vaut surtout pour la confrontation Gabin-Delon. Deux symboles, deux générations d’acteurs qui campent deux losers, il fallait oser. Delon jeune voyou-gigolo convainquant, Gabin papy gangster taillé dans le marbre. C’est orchestré par les dialogues de l’incontournable Audiard, qui sait installer une atmosphère comme personne, avec juste un mélange d’argot et de climat de France d’après-guerre, comme si on y était, sur un fond jazzy obsédant et répétitif, on y est. A noter la fin tellement originale qu’on ne s’attend pas du tout à ça. Un crescendo aquatique autour d’une piscine, où le temps est suspendu, qui donne l’impression qu’on a changé de film, pour entrer dans un véritable thriller. Et un retentissant dénouement, avec une fin ouverte, pas si facile à faire. A réserver aux fans et aux curieux en tout genre, pour qu’ils se rendent compte que les deux stars n’usurpent pas du tout leur réputation, toujours justes, sans efforts, que ça donne l’idée que ça se fait tout seul. C’est la seule valeur ajoutée du film, avec le final. Film à voir en noir et blanc, la version colorisée n’est pas convaincante du tout. Avec un scénario qui sert moins la soupe aux deux acteurs vedette, qui joue plus le suspense, plus sur l’action, et on touchait au but, on aurait un grand classique. La fin me laisse plein de regrets, mais on ne va pas refaire le film. Là c’est un petit classique illustré à mettre dans sa collection de films français d’après guerre.