Pour sa seconde réalisation Memories of murder, Bong Joon-Ho s'inspire de faits réels pour mettre en scène un malin, bien construit et brillant mélange des genres où l'on navigue entre thriller, drame voire comédie.


Le cinéaste sud-coréen braque sa caméra sur des flics acharnés que tout oppose, un des campagnes et un des villes, avec des méthodes différentes, mais capable de baigner, surtout pour le premier, dans l'incompétence et même la violence. C'est au contact de son collègue qu'il aura une autre vision de son métier, et cette opposition ville/campagne dans le métier est intelligemment amené et mis en scène.


S'ils se sentiront souvent dépassé, ça ne les empêchera d'avancer, et la construction scénaristique est remarquable, tout est bien ficelé et amené. Usant d'une réalisation juste et millimétrée, Bong Joon-Ho ne perd pas de temps pour rentrer dans le film, mettant en place avec intelligence les personnages et enjeux. Il orchestre tout cela avec brio, et, peu à peu, met en place une tension qui ne redescendra jamais et qui ne fera que s'accentuer jusqu'à une dernière partie remarquable.


La tension anime aussi la confrontation entre les deux flics dont l'objectif commun peut être soumis à leurs différentes personnalités. Les personnages sont bien travaillés, tant eux que les seconds rôles et les différents suspects, ils se fondent dans une population et donne un sentiment d'impuissance face à une enquête qui va vite patiner.


S'il s'attarde sur la psychologie des deux flics, il ne laisse jamais de côté celui d'un tueur aussi inhumain qu'invisible et qui ne laisse que peu d'indices derrière lui. L'une des forces du film se trouve dans la façon dont il met les flics face au sens de la vie, et toute la cruauté et injustice que l'on peut y trouver. Bong Joon-Ho exploite bien le cadre qu'il a à sa disposition et les pluies diluviennes font corps avec le récit et rendent les scènes (encore plus) saisissantes, et il en est de même pour les comédiens.


Avec Memories of Murder, Bong Joon-Ho met en scène un thriller brillamment orchestré, intense et pertinent, n'hésitant pas à naviguer entre les genres pour créer un drame policier saisissant et fascinant.

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le 17 janv. 2016

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Docteur_Jivago

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