Que veut nous apporter Frederick Wiseman, au bout d'une vie de cinéma ?
Le plaisir de créer, expérimenter, affiner chaque chose dans une quête d'authenticité et de nous rapprocher ensemble de l'essentiel que porte le mot "vivre".
Les cuisines magistrales de la famille Troisgros nous accueillent pour partager des décennies de passion. Le passage du temps révélant ce qui est important de laisser en héritage : une recherche permanente d'harmonie et d'audace. En cuisine comme derrière la caméra.
La précision ici est vertigineuse, dans les moindres détails. De la relation aux autres, comme seul face à son ouvrage. Il y a des chefs et on ne sait plus trop où commence et s'arrête l’œuvre.
Ce qui est sûr c'est qu'elle est éphémère, ce qui rend encore plus touchantes les créations ainsi que ses créateurs. Car la table rassemble, à tous les niveaux.
Le film explore ainsi les interactions qu'il y a entre les différents métiers et nous révèle où la cuisine prend racine.
Les cuisiniers se trouvent ainsi au marché, en pleine nature, chez l'éleveur, le maraîcher, le vigneron... Et à chaque fois les discussions sont d'une richesse intense, remettant notre relation à la terre et à la nature au centre des préoccupations. Wiseman tisse ainsi une continuité entre le sol et l'assiette.
La caméra, sage et patiente en plans fixes pour capter les plus belles discussions, toujours à juste distance, est néanmoins d'une jeunesse incroyable. Elle sait bondir et nous emmener dans le feu de l'action, au plus près du geste.
Avec ses quatre heures qui filent, Menus-Plaisirs nous fait vivre un ballet cinématographique au rythme des cuisines qui nous porte avec légèreté lorsque l'on quitte la salle. On en redemande.