Oscar Ramirez est un paysan de la cambrousse philippine.N'arrivant plus à vivre de son travail,il part pour Manille avec sa femme et ses deux enfants.Après une acclimatation difficile à cette ville,il finira par trouver un boulot d'agent de sécurité,mais les choses vont mal tourner.L'Anglais Sean Ellis a eu la curieuse idée de faire un film philippin,et le résultat est assez positif.Techniquement,c'est un film anglais,c'est du reste sous les couleurs british qu'il a été sélectionné pour concourir à l'Oscar du Meilleur Film étranger,sans d'ailleurs l'obtenir.De fait,la production est britannique,ainsi que presque toute l'équipe technique.Ellis cumule les postes de réalisateur,scénariste,producteur,directeur photo et cadreur,on n'est pas sûr qu'il balayait le plateau en plus.Cependant,c'est filmé aux Philippines,avec des acteurs locaux,et l'histoire est profondément immergée dans la société du pays.Le rythme est un peu lent,mais ça laisse le temps aux auteurs de mettre clairement en place les personnages,le contexte et les enjeux.D'entrée,on suit le sillage de cette famille déracinée et on entre immédiatement en empathie avec elle.Ces gens sont gentils,naïfs,courageux et déterminés,mais ils vont devoir faire face à une situation sociale dramatique et à une corruption morale qui va les obliger à faire des choix difficiles et contraires à leurs principes.Le choc est rude entre leur campagne d'origine,où il y a environ un habitant pour 10000 mètres carrés,et une capitale grouillante où le ratio est plutôt de 10000 personnes pour un mètre carré.Manille est sale,surpeuplée,dangereuse,et comme le pays entier sous le seuil de pauvreté.Les Ramirez sont des proies faciles et se font escroquer,les pauvres arnaquant sans scrupule plus miséreux qu'eux.Un logement bidon,des jobs pas payés,et on atterrit péniblement dans un gigantesque bidonville.Mai,l'épouse,est jolie et trouve un travail d'entraîneuse dans un bar louche,un taf où les limites à imposer aux clients sont bien floues.Oscar,de son côté,parvient à se faire embaucher comme transporteur de fonds.C'est mal payé et dangereux dans une ville en proie à une importante criminalité,mais quand on n'a pas le choix on ne fait pas le difficile.Il sympathise vite avec son supérieur,le chaleureux Ong,mais il va s'apercevoir une fois encore que rien n'est gratuit dans cet univers sans pitié,et il va être forcé de transgresser les règles.Finalement ce couple honnête au possible va se trouver composé d'une pute et d'un braqueur à cause d'une misère endémique qui corrompt irrémédiablement tous les protagonistes de ce ballet fatal où le vice prend inexorablement le dessus sur la pureté.Parce qu'il faut manger,se loger,se soigner,leur petite fille a mal aux dents et ils ont un bébé.On pourrait penser que le film est mélodramatique et misérabiliste,mais il est surtout réaliste,tandis que la misère est dès le début inhérente aux évènements décrits,elle accompagne en permanence les protagonistes,ils sont plongés dedans et n'arrivent pas à faire surface,inutile donc de cultiver cette dimension qui est consubstantielle à l'oeuvre.C'est pourtant beau les Philippines,avec ces grands espaces ruraux majestueux,mais pas assez productifs pour y vivre,et ces beaux immeubles de Manille réservés à quelques rares privilégiés pendant qu'une foule de malheureux peine à survivre.Ca se terminera sur un demi happy-end et un beau sacrifice utile pour tromper le mauvais sort.Les acteurs sont très bons,avec Jake Macapagal en brave type se débattant désespérément pour conserver honneur et dignité dans un monde totalement pourri,Althea Vega en épouse prête à tout pour sauver ses enfants,John Arcilla en convoyeur ambigu,Ana Abad-Santos dans le rôle de sa charmante femme,Miles Canapi en patronne de bar et mère maquerelle impitoyable qui se fait glaçante lorsque,estimant Mai pas assez rentable,elle lui suggère de prostituer sa fille,la petite Angel,adorable gamine coincée dans ce contexte sordide et fort bien interprétée par Erin Panlilio.Moises Magisa est excellent aussi dans le rôle de Buddha,le patron de la boîte de sécurité qui aime qu'on lui raconte des histoires drôles.

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le 11 août 2025

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