Hack to the future
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Bientôt centenaire, Metropolis impose le respect aussi bien en vertu qu’en dépit de son grand âge : une longévité assortie d’une influence sans égale sur le Septième Art, puisant ses racines dans l’œuvre phare d’un cinéaste lui en préférant pourtant d’autre(s) ( M le Maudit le vaut bien après tout). Tronqué, perdu, réhabilité puis restauré, son fameux parcours à travers les époques n’est que l’une des facettes illustrant de son importance, laquelle se traduit donc par un certain respect du spectateur contemporain, louant volontiers ses « révolutions » et faisant abstraction de ses élans désuets.
Ces derniers sont, pourtant, une réalité difficile à occulter, Metropolis paraissant souvent niais (voire candide) dans sa représentation d’un rapport de force romancé à l’envie. Il ne s’agit toutefois pas de pointer du doigt sa finalité (et donc message ?) quant à la lutte des classes, d’autant que ses sources (Thea von Harbou est l’autrice du roman original) ne sont pas claires (elle et Fritz Lang écriront à deux mains le scénario du film). D’un point de vue narratif, sa construction en trois actes convie efficacité et simplicité au service d’une trame elle-même classique : mais pouvait-il en être autrement pour une production de 1927 ?
À raison de plus que, par-delà ses ramifications politiques, sociales et religieuses, le long-métrage brille surtout du fait de son envergure formelle : innovateur en son temps, son empreinte futuriste démontre de sa créativité et démesure (relative), tandis que de rares élans expressionnistes y apportent une nuance bienvenue. Le respect s’impose donc, occultant en partie d’évidentes faiblesses : sa durée notamment qui, malgré un chapitrage pertinent, tend à exacerber sa propension au sensationnalisme. Chose découlant aussi, évidemment, du jeu hautement expressif de Gustav Fröhlich, guère calibré à notre goût, au contraire de celui d’un Alfred Abel magnifique comme crédible.
Blockbuster d’un autre temps ayant marqué de son empreinte tout une industrie et imagerie, Metropolis constitue en résumé un indispensable à la fois objet et vecteur d’influences intemporelles. À défaut de nous prendre de passion, voilà qui est déjà beaucoup.
Créée
le 10 juin 2023
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