Jonathan Demme est principalement l'auteur du mythique « Le Silence des agneaux », ce qui a tendance à reléguer au second plan, parfois injustement, le reste de sa filmographie. Dans cette dernière, « Meurtres en cascade » n'est pas l'une de ses plus belles réussites, mais ce thriller aux accents très hitchcockiens garde encore aujourd'hui un certain attrait. Il y a un réel mystère entourant le héros, d'autant que si nous nous doutons que
sa « folie » est inexistante,
cela apparaît suffisamment accrocheur pour que la question reste longtemps flottante, à l'image de fausses pistes plutôt habiles et de personnages intéressants dans leur ambiguïté.
Malgré un léger manque de rythme et des choix de montage parfois étranges, notamment autour de l'aspect « paranoïaque » touchant Roy Scheider (pas mal mais pas forcément le meilleur choix possible), omniprésente un temps avant de disparaître brutalement presque d'une seconde à l'autre, le récit autour de cette étrange histoire d'amour et ce qui en découle fait un minimum d'effet, que l'interprétation troublante de Janet Margolin vient encore accentuer. Pour le reste, quelques références évidentes au grand Alfred, donc (« Sueurs froides » en premier lieu), une réalisation correcte sans être exceptionnelle et une résolution convenable mais un peu décevante, heureusement compensée par un final intense et assez spectaculaire, voire émouvant dans ses meilleurs moments. Intrigant, à défaut d'être inoubliable.