Belle déception.


Le film m'a lassée plus vite qu'une mauvaise série B. Peut-être que je suis devenue excessivement intolérante aux films qui ne s'expliquent pas assez ? Peut-être ai-je besoin, en cinéma comme ailleurs, d'être maternée comme une petite infant capricieuse ?


Je ne vais pas pousser plus loin mon introspection, j'ai le vertige en matière de psychanalyse, j'ai la peur du vide.


Mais après tout, à bien y réfléchir, c'est justement de vide dont il est question. Celui de Midnight Special ayant fait écho à celui de mon for intérieur...


Le surnaturel n'est pas un thème nouveau chez Jeff Nichols. Il l'avait traité avec une finesse inouïe dans Take Shelter (ô combien servi par un Michael Shannon éblouissant), et il avait su rendre à l'écran cette sorte de métaphysique subtile de l'instinct prophétique, du rêve qui prévient le réel, enfin, j'en avais été subjuguée.


J'ai été cette fois plongée dans une torpeur interminable, dont rien - et certainement pas les yeux lasers du fils prodigue - n'a pu me sortir. Pour employer un terme kundérien, le scénario est d'un kitsch désespérant, imprécis de surcroît, et le jeu de ces si bons acteurs (Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst) s'y accorde très mal. Tout y est : l'enfant génial, les parents surprotecteurs, le flic repenti, les méchants flics, la secte-sectaire et, en point d'orgue, la féérique cité extraterrestre.
Bref, le panel habituel et désolant.


Quelques plans m'ont d'ailleurs fait penser à Armageddon - film dont la prodigieuse connerie est désormais passée à la postérité - à l'instar de cet horizon auroral en surface duquel se soulèvent des véhicules ennemis - en marche comme dirait l'autre - et comme auréolés de la vapeur roborative de l'asphalte américain.


Tout ca est pompeux et niais, et dans un genre moins spirituel qu'à l'accoutumé chez Jeff Nichols. La métaphysique qu'il a si bien su rendre (dans Mud aussi) est ici galvaudée dans une sorte d'odyssée S.F foireuse, à deux doigts du conspirationnisme extraterrestre.

Motherfuck
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le 11 avr. 2020

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Motherfuck

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