Midori
6.4
Midori

Moyen-métrage d'animation de Hiroshi Harada (1992)

Voilà un film qui dérange les âmes sensibles. Midori, c’est un poème pour les damnés, un cauchemar animé qui ne cherche ni à plaire ni à rassurer.

C’est sale, cru, dérangeant et d’une beauté à tomber.


Hiroshi Harada dessine comme on saigne, à la main, dans la douleur, sur du papier trop fragile pour contenir autant de noirceur. Son animation n’a rien de lisse ni de séduisante, c’est du trait qui tremble, du visage qui fond, du rouge qui coule. Et c’est justement là que naît la beauté, dans l’imperfection, dans le malaise, dans l’humanité nue.


Ici, la monstruosité n’a rien de romantique, elle viole, elle humilie, elle détruit. Ces “freaks” qu’on glorifierait aujourd’hui pour leur différence ne sont que des prédateurs, esclaves de leurs instincts et de leur misère. L’homme-tronc, le cracheur de feu travesti, le géant borgne, tous aussi laids dedans que dehors.


C’est le Japon d’après-guerre repeint en cauchemar expressionniste et Harada ose tout montrer, sans filtre ni morale à la fin pour t’excuser d’avoir regardé.

Puis vient Wonder Masamitsu, nain démoniaque aux faux airs de sauveur. Il promet l’amour, offre la cage. Sa magie transforme les rêves en charniers, le public en monstres. L’apothéose d’un enfer animé, corps tordus, viscères explosés, beauté du dégoût.


C’est de l’art pur pas du message, pas du slogan. Juste une vision.

Alors oui, c’est dérangeant. Oui, c’est malsain. Mais c’est aussi une leçon : la beauté n’appartient pas qu’au bien. Midori nous le hurle au visage. L’animation ici n’est pas un refuge pour enfants, c’est une descente aux enfers où chaque image brûle la rétine.


C'est une tragédie sur la perte de l'innocence, la monstruosité des hommes, la manière dont la misère transforme les victimes en bourreaux.

Midori s'adresse à un public adulte et demeure par exemple très fortement déconseillé à celles et ceux qui aiment les chiens autrement qu'en ragout.


Une fresque de 48 minutes qui suffi a nous rappeler ce qu’est le vrai cinéma d’auteur libre, brutal, sincère.

Un film qu’on ne peut ni aimer ni détester. Juste admirer.

Parce qu’il ose. Et parce que c’est beau

luthorcorp07
8
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le 14 oct. 2025

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