Voilà un film qui te joue un putain de tour de magicien pervers. T'es là, confortablement assis, et Wakamatsu te prend par la main comme un ami bienveillant, sauf que cet ami te traîne progressivement vers des eaux troubles dont tu ne peux plus t'échapper.
C'est du pur cristal. Une beauté qui donne presque envie de vomir tellement c'est écœurant de trouver ça beau. Cette moiteur d'été, cette chaleur suffocante, ce ton érotique qui flotte partout mais sans tambours ni trompettes. C'est glacial. C'est silencieux. Et c'est pour ça que tu te tortilles sur ton siège comme un gamin pris en flagrant délit.
Wakamatsu t'enferme dans un étau moral diaboliquement efficace. D'un côté t'as ta petite voix qui crie c'est mal ! c'est des viols !" et de l'autre côté t'as les yeux qui se régalent sur ces tableaux magnifiques.
Mais le truc fou, c'est que le film n'oublie personne. Les femmes ne sont pas juste des poupées gonflables pour te faire bander comme on peut le voir dans d'autre production. Elles ont une vraie humanité, une profondeur.
Et ce qui perturbe le plus c'est que le prédateur est humain (a prendre avec de grosse pincette). Petit déjeuner, ménage, vie de famille, petites attentions. c'est d'autant plus troublant, c'est un homme banal, cela pourrait être notre voisin, notre ami...
Wakamatsu réussit à rendre le monstrueux fascinant, sans jamais le glorifier.
Tu ressors lessivé, à la fois admiratif et coupable, comme si t’avais regardé un tableau interdit.
C’est immoral, dérangeant, esthétiquement jouissif (sans mauvais jeu de mot) et moralement douteux. Bref, un grand film. Merci Wakamatsu pour ce chef-d'oeuvre.