Dans World of Glory, il nous offre 1/4 d'heure d’apnée émotionnelle, sans une ride, sans un sourire, sans un battement de cœur. Le film s’ouvre sur une scène terrifiante un camion à gaz, des cris étouffés, des visages impassibles et dès cet instant, tu sais que t’es enfermé dans une morgue morale.
Puis, le reste. Des plans fixes, gris comme un jour de pluie dans un parking IKEA, où un homme, toujours raide, nous parle de sa voiture, de son fils, de son appartement, avec la même intensité qu’un répondeur téléphonique. On ne sait pas trop si on doit rire, pleurer ou juste s’avouer vaincu.
Le malaise, c’est que tout est trop maîtrisé. Chaque image est millimétrée, chaque ton neutre, chaque respiration coupée. Andersson nous montre un monde vidé de sens, d’émotion, d’espoir un monde où la banalité est la nouvelle barbarie. On n’est plus choqués par l’horreur, on la commente calmement en buvant un café tiède.
Mais derrière ce minimalisme presque agaçant, il y a un miroir terriblement juste. Le film nous fait sentir cette résignation moderne, cette apathie collective face au désastre permanent. On est devenus des spectateurs de notre propre extinction, bien habillés, bien polis, bien morts à l’intérieur.
Alors oui, c’est lent, oui, c’est gris, oui, on s’ennuie. Mais cet ennui, c’est peut-être le message. Parce qu’en sortant de World of Glory, tu te sens vide, et tu réalises que le personnage aussi.