Lisbeth Salander,hackeuse suédoise de génie,est sollicitée par Frans Balder,un scientifique de haut niveau,qui veut récupérer le système ultra-sensible qu'il a refilé aux américains,un machin capable d'infiltrer et de prendre le contrôle de n'importe quelle commande de force nucléaire dans le monde.Après mûre réflexion il regrette son choix d'avoir vendu son invention à un pays impérialiste dont le pacifisme est sujet à caution.Lisbeth fait le boulot et craque les codes de la NSA,mais elle est vite repérée et se retrouve traquée à la fois par les services secrets suédois,un agent américain de la NSA et surtout les Araignées,un groupe criminel éminemment dangereux dont elle va découvrir qu'il est dirigé par sa soeur Camilla,soit-disant décédée.Heureusement,elle reçoit l'aide d'un copain geek surdoué et de son ex amant le journaliste Mikael Blomkvist.Longue histoire que celle de "Millenium".A la base était une trilogie littéraire à succès écrite par le Suédois Stieg Larsson,mort en 2004.Les trois bouquins ont été adaptés au cinéma dans son pays entre 2009 et 2010,et très vite les amerlos se sont pointés en la personne de David Fincher qui a porté à l'écran en 2011 le premier livre de la série,"Les hommes qui n'aimaient pas les femmes",qui est donc le remake du film de 2009 signé Niels Arden Oplev.Les deux autres volets devaient suivre mais il faut croire que le Fincher n'a pas marché vu que "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette" et "La reine dans le palais des courants d'air" ne connaîtront jamais les adaptations pourtant prévues.Pendant ce temps-là,en Suède,le romancier David Lagercrantz reprenait la boutique et relayait le défunt Larsson en signant une nouvelle trilogie.Pas échaudés,les ricains ont acheté les droits et entrepris la fabrication du premier tome du "Millenium" façon Lagercrantz,"Ce qui ne me tue pas",en 2018.Ca fait quand même sept ans,et les suites programmées,"La fille qui rendait coup pour coup" et "La fille qui devait mourir",n'ont pas encore été livrées.Vont-ils nous refaire le coup?Serait-ce une malédiction?Quoi qu'il en soit cet opus initial a été confié au faiseur Fede Alvarez,ici réalisateur et coscénariste,qui a shooté ça entre son remake de "Evil dead" et une énième sequel de la franchise "Alien".C'est une grosse production réunissant Sony Pictures,Amy Pascal,Scott Rudin,et même David Fincher,le réal du "Millenium" précédent,apparait en tant que producteur délégué,comme Sam Raimi l'avait fait sur "Evil dead".Alvarez a coécrit l'adaptation du roman avec Steven Knight et Jay Basu,tandis que son compositeur attitré,Roque Banos,a signé une bonne musique en tension.Il faut d'abord saluer le travail visuel du cinéaste,le mec sait filmer et utilise à merveille les décors de Stockholm et Berlin pour y déployer une mise en images de toute beauté.Plans sophistiqués dopés à la profondeur de champ et aux angles variés ,maîtrise de la géométrie d'espaces froids,cliniques,propres et désincarnés,à la Scandinave quoi,scènes d'action qui dépotent,c'est de la belle ouvrage qui immerge direct dans une ambiance glaciale et glauque.Certaines séquences respirent la classe,comme cette traversée à moto d'une étendue d'eau gelée ou cette conversation téléphonique entre Lisbeth et Mikael,plantés face à face dans des cabines d'ascenseur extérieures vitrées stoppées au même étage à flancs d'immeubles.Mais au-delà de l'esthétique le film fonctionne moyen.Est-ce la faute  de Lagercrantz ou des auteurs du script?Toujours est-il qu'on ne retrouve guère l'atmosphère des premiers "Millenium",qu'il s'agisse des livres ou des films.Ici,c'est moins âpre,moins réaliste,il semblerait qu'on ait quitté la fibre scandinave pour singer le ciné à l'américaine.Hormis la scène d'ouverture moralement choquante qui trempe dans la pédophilie et explique en peu d'images les traumatismes des soeurs Salander,le reste relève du thriller mouvementé à la Jason Bourne,avec un déferlement de bastons,de fusillades et de poursuites défilant sur un rythme soutenu.Tout ceci est improbable,voire invraisemblable,avec une Lisbeth gaulée comme une crevette sous-alimentée qui se transforme en as du kung-fu et met des branlées monumentales à des dizaines d'armoires à glace,et des balles qui traversent les murs en faisant mouche à tout coup.On ignore ce que c'est comme munitions,mais ça déchire grave.Le sexe sordide et les manipulations tordues de psychopathes sadiques ont disparu au profit de l'agitation hollywoodienne,même si la violence est bien présente.On assiste en outre à une augmentation notable de la dose de féminisme,déjà bien présente lors des films antérieurs.Tous les personnages principaux sont des femmes,à l'exception de Blomkvist,mais même lui est très en retrait par rapport aux précédentes oeuvres,dont il était le protagoniste majeur.Là,il a un piteux rôle de demoiselle en détresse,à chaque fois sauvé par la tornade Salander.Ce qui prime cependant est la dimension technologique,d'ailleurs horriblement exagérée.En effet Lisbeth parvient à espionner tout le monde,partout,tout le temps,sans le moindre problème,ce qui lui facilite bien le travail.Malgré tout il y a une part de vérité dans cette description d'un univers aussi fascinant qu'effrayant,ce monde qui advient et impose un contrôle total des populations à travers des machines interconnectées envahissantes et intrusives.Il y a partout des caméras,des ordinateurs,des smartphones,des drones,les saints drones de Stockholm,qui tissent un maillage serré étranglant progressivement toute vie privée,avec l'assentiment enthousiaste et inconscient d'humains conditionnés à bloc par l'usage de ces engins aussi utiles que nocifs.Le film montre ça de manière très claire,même s'il se garde de le déplorer,bien au contraire.La distribution est très moyenne concernant les vedettes,avec une Claire Foy peu convaincante qui se la donne bien mais se contente d'une mono-expression renfrognée continuelle pour bien souligner que sa lesbienne gothique surdouée et traumatisée est hyper vénère.Elle est cent coudées en-dessous de Noomi Rapace,autrefois révélée par ce rôle,et même de Rooney Mara dans le Fincher.Ce n'est pas mieux du côté de Blomkvist,incarné par l'inexistant Sverrir Gudnason,acteur fadasse,trop jeune et lisse pour le rôle,enterré vivant par les performances de Michael Nyqvist,mort en 2017,et Daniel Craig.L'Américain Lakeith Stanfield n'a guère de présence non plus en agent yankee à la ramasse.Les seconds rôles sont plutôt pas mal,avec la belle Sylvia Hoeks en frangine maléfique,l'excellent Stephen Merchant en scientifique qui a déconné,la sympa Vicky Krieps en collègue et amante soumise de Blomkvist,le glaçant Claes Bang,vu l'année précédente en vedette du formidable "The Square",en tueur brutal,la grande et classieuse Synnove Macody Lund en patronne de l'espionnage équivoque,Cameron Britton qui fait l'éternel gros geek barbu et rigolo,Mikael Persbrandt,le héros des "Hamilton",en père criminel et incestueux,bien qu'il ne corresponde pas physiquement au personnage,Volker Bruch en businessman tabasseur de femmes,enfin un protagoniste dans l'esprit de la franchise,et le petit Christopher Convery qui joue correctement l'autiste précocement génial.Note et critique de film de Fede Alvarez publiées précédemment:"Don't breathe:La maison des ténèbres"-5.Moyenne:5.