Quand David ne Fincher rien, c'est le spectateur qui en a Mara de se faire Plummer.

Le journaliste Mikael Blomkvist (Daniel Craig) est chargé par l’ancien magnat industriel Henrik Vanger (Christopher Plummer) de mener une enquête sur la disparition de sa fille il y a 40 ans de cela. Blomkvist se lance dans l’investigation, mais il va rapidement se rendre compte que la famille Vanger recèle bien des secrets…


Des secrets de polichinelles, devrais-je dire, car il apparaît vite évident que la plupart de ces secrets n’en seront pas pour le spectateur qui décide d'activer son cerveau un minimum face à un film qui constitue une preuve de plus que Fincher devrait décidément abandonner le genre du thriller. En effet, pour peu que l’on ait ouvert un seul roman policier dans notre vie, la fin saute aux yeux : il va de soi


qu’une personne dont on n’a pas retrouvé le cadavre n’est évidemment pas morte (la base, franchement… existe-t-il encore des gens assez naïfs pour tomber dans le piège ?) et que, si elle n’est pas morte, il s’agit d’une personne que le scénario nous a présentée ou s’empressera de nous présenter, ce qui diminue considérablement les pistes, le nombre de filles dans la famille Vanger se réduisant à deux.


Ajoutez à cela un méchant dénué de tout mobile, à tel point que les scénaristes se voient contraints de convoquer le nazisme pour tenter de rendre crédibles des crimes qui, de toute façon, ne le sont pas, et vous vous ferez une idée assez juste du niveau intellectuel du film…
Ce que je ne peux pas dire, en revanche, c'est si le responsable de ces inepties est le scénariste Steven Zaillian ou l’auteur Stieg Larsson, qui a fourni l’inspiration de ce film par ses romans bien connus de tous ceux qui ont traversé une fois dans leur vie la gare Montparnasse (ou n'importe quelle autre gare SNCF, d'ailleurs) ou le métro parisien. Toujours est-il que David Fincher n’a visiblement rien à raconter de plus que n’importe quel épisode des Experts ou de NCIS, mais pour des raisons obscures, il décide d’étaler une aussi faible matière narrative sur 2h30. C’est dire que le scénario passera par des détours dont la seule utilité sera de plonger toujours plus loin dans l’ignominie et la vulgarité, Fincher n’ayant visiblement pas renoncé à la fascination morbide pour l’abject, une fascination déplacée qui s’exprime parfaitement dans le générique le plus immonde de toute l'histoire du cinéma.
S’enchaînent donc, sous les yeux d’un spectateur lassé d’être sans cesse pris pour une bille par des réalisateurs en panne d’inspiration, une longue suite de séquences sordides, pleines de complaisance, dans laquelle on n’aura aucun personnage à qui se rattacher, le froid et distant Daniel Craig ou le laideron Rooney Mara ne suscitant pas grand-chose d’autre que de l’ennui ou du dégoût, malgré leur honorable talent d'acteur. Reste, pour tenter d'accrocher malgré tout le spectateur, une mise en scène étonnamment sobre et efficace, sans effets de manche, qu'on apprécie toujours dans la débauche visuelle que l'on traverse aujourd'hui. C'est peu.
Finalement, le seul mystère vraiment insoluble de cette enquête par ailleurs transparente est sans nul doute le suivant : mais que diable l’immense Christopher Plummer allait-il faire dans cette galère ?

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le 5 déc. 2017

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Tonto

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