Miss est un film de Ruben Alves sorti en 2020 et qui raconte le parcours complexe d'un jeune homme androgyne, dont le rêve d'enfance est celui de devenir Miss France.


Contrairement à beaucoup d'autres films traitant de près ou de loin du genre, j'ai vu celui-ci presque par hasard en compagnie d'une amie que le sujet intéressait aussi.
Je dis presque parce que d'habitude j'avais déjà entendu des tonnes de sons de cloches avant de les voir, ce qui ne me semblait pas forcément une bonne idée pour émettre une critique objective.
Avoir eu la chance de voir celui-ci sans la moindre influence positive ou négative me démontre qu'il est bien plus agréable d'avoir l'esprit vierge de toute influence.


Bon à priori ce n'était pas gagné au vu de l'affiche, du titre et du risque de tomber sur une énième allégorie de cette compétition que je n'apprécie guère, sans parler de la pente ultra risquée sur laquelle se lancent certains réalisateurs, même les mieux intentionnés.
Car oui, il est très difficile de traiter ce sujet sans rencontrer les écueils dus aux innombrables poncifs et clichés qui jalonnent la pensée de ceux qui n'y connaissent au demeurant pas grand chose.


Hé bien ce film réalise une prouesse.
Car non seulement il ne les évite pas, mais il les utilise pour donner une toute autre dimension, une âme oserai-je dire à ces clichés.
Ce ne sont plus des écueils cette fois, mais des forces pour argumenter un message humaniste et profondément positif.
Tout y est admirablement abordé de manière claire et sans sensiblerie déplacée, allant même jusqu'à introduire d'autres poncifs comme celui de la joyeuse communauté d'amis voisins qui s'estiment réellement, mais où tu trouves notre héroïne androgyne bien sûr, mais aussi un black et un rebeu tendance wesh, une travestie prostituée à la gouaille exceptionnelle, deux indiennes couseuses de jeans, le tout chaperonné par une comme toujours excellente Isabelle Nanty, dans le rôle de la "maman logeuse" de tout ce petit groupe et un tantinet désabusée.


Il fallait oser la rajouter celle-là, sans parler de la salle de boxe où Alexandre/Alexandra est employée avec son lot de personnages emblématiques.
Sincèrement, au début j'ai flippé.
J'attendais presque le moment où j'allais froncer le sourcil sur quelques lourdeurs dans le jeu d'acteurs et quelques attendus bien évidents.
hé bien non, Miss est une comédie dramatique intelligemment menée, sachant toucher sans en faire des tonnes, développant l'empathie pour pas mal de monde et pas seulement l'héroïne, s'attaquant aux clichés sans en oublier un seul, y compris dans l'attitude de nombreux hommes vis à vis de leur gestion libidineuse face aux femmes et aux différents transgenres.


Il y a des dialogues percutants, tantôt hilarants, tantôt durs. Le jeu de tous les acteurs est très bon, parfois exceptionnel. Il y a de l'émotion sans sensiblerie et le choix d'Alexandre Wetter dans le rôle principal est un sans fautes.
Son androgynie est bien exploitée entre l'avant et le pendant compétition, "elle" est sublime sur la fin.
La compétition des Miss est montrée sans filtre mais ne sert que de tremplin au message de tolérance du genre, sans se faire complètement sabrer (ce que je regrette un peu haha).
Un petit détail cependant, celui de la concurrente de chambrée, petite peste au départ qui tourne à l'amie providentielle pleine de tolérance m'a quand même un peu fait schkouchkrougnier, parce que j'ai beaucoup de mal à croire aux gens seulement à moitié cons...


Bref j'ai beaucoup aimé, je recommande ce film à toutes celles et ceux qui connaissent le sujet pour ne pas risquer l'envie de buter tout le monde ensuite, ainsi qu'à ceux qui ne le connaissent pas bien ou pas, mais suffisamment intelligents pour savoir apprécier la découverte lorsqu'elle est intelligemment proposée, c'est très bon pour l'empathie vous verrez.
Bon quant à ceux qui étaient, sont et resteront à jamais de gros beaufs incultes, endoctrinés à la pensée de merde et qui ne voient que travelos et grosses pédales dès que l'on remet en question le sacro-saint binarisme du genre, je ne le leur recommande bien sûr pas, leurs rires gras et populaciers et le caractère haut de gamme de leur niveau de critique cinématographique me laissant d'avance avec cet arrière goût de fiel, propre aux idées bileuses tristement autorisées au nom de la liberté d'expression.

RoxanneSharks
8
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le 22 févr. 2021

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Roxanne 75

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