À partir de faits historiques, Roland Joffé réalise un condensé de cette période qui a vu les Jésuites constituer la fameuse mission d'évangélisation des Indiens Guaranis.

À l'instar de la Controverse de Valladolid, il est question de déterminer le statut de ces autochtones pour les Espagnols, les Portugais, mais aussi l'Église.

Au-delà de la remarquable reconstitution historique, qui bénéficie des formidables paysages sud-américains, c'est également une lutte politique et humaniste qui se joue ici.

Le but des Jésuites est de faire des Guaranis des chrétiens à part entière, ce qui du même coup leur donne un statut qui les rend moins vulnérables face aux puissances européennes.

Ce jeu de pouvoir est assez bien dépeint ici même si il aurait mérité plus d’approfondissement.

Le film met plus l'accent sur les rapports entre les Jésuites et les Guaranis, qui réussissent à créer une communauté singulière qui s'appuie sur le christianisme. On y voit une communauté de prêtres qui n'hésite pas à aller vers l'inconnu pour transmettre leur foi.

Jeremy Irons interprète un prêtre jésuite pacifiste et obstiné qui gardera une ligne de conduite tout au long du film. Il est assisté par un ex-mercenaire en quête de rédemption, campé par Robert De Niro, qui rejoindra la congrégation. Ce tandem offre une dualité intéressante puisque l'ancien mercenaire fera ressortir une part de sa personnalité dure et violente dans l'adversité, qui contrebalance la quasi sainteté du premier. Leur scène d'adieu laconique est éloquente et témoigne de la sincère amitié et gratitude qui est née entre les deux protagonistes.

Impossible de parler de ce film sans faire référence à la magnifique musique d'Ennio Morricone qui transcende complètement le film. Ce mélange de musiques amérindienne et liturgique colle à la perfection au thème du film et à ses différentes scènes.

Des paysages sauvages magnifiques (superbement filmés), une musique inoubliable, des personnages habités et idéalistes, un sujet humaniste qui transporte ; soit un savant mélange qui donne à ce film un souffle indéniable.

À voir et revoir

Le-gamoun
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Réalisateurs et Vus et revus

Créée

le 27 juil. 2024

Critique lue 9 fois

Le-gamoun

Écrit par

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur Mission

Mission
Gerard-Rocher
8

Critique de Mission par Gérard Rocher La Fête de l'Art

C'est vers 1740 que se déroule cette histoire. A cette époque, les empires d'Espagne et du Portugal s'étendent jusqu'en Amérique du Sud. Dans cette région vivent les indiens Guaranis, peuple...

55 j'aime

9

Mission
socrate
7

Les sauvages ne sont pas toujours les autres

A l’heure où les Indiens Guaranis doivent encore lutter contre les grands propriétaires et l’Etat fédéral brésilien, le film de Roland Joffé n’est pas inutile pour rappeler certains épisodes de...

le 9 nov. 2013

54 j'aime

11

Mission
-Marc-
9

Le partage du monde

Très beau film historique de Roland Joffé. Je ne sais pas s'il a réellement existé des personnages comme Mendoza et frère Gabriel, mais l'histoire de la fin dramatique des missions jésuites en pays...

le 23 mai 2013

43 j'aime

6

Du même critique

Barry Lyndon
Le-gamoun
9

Une odyssée du XVIIIè siècle

Vu pour la deuxième fois, mais au cinéma cette fois.Le grand écran met encore plus en valeur la beauté de ce film.Sur le plan formel, c'est magnifique. Kubrick a fait son maximum pour reconstituer...

le 26 janv. 2025

4 j'aime

Excalibur
Le-gamoun
8

Représentation du mythe

Une adaptation un peu baroque de la légende arthurienne.Cela a le mérite de sortir de l'ordinaire et de surprendre le spectateur.Le côté brumeux de certaines scènes donne un aspect onirique au film...

le 20 janv. 2025

3 j'aime