À partir de faits historiques, Roland Joffé réalise un condensé de cette période qui a vu les Jésuites constituer la fameuse mission d'évangélisation des Indiens Guaranis.
À l'instar de la Controverse de Valladolid, il est question de déterminer le statut de ces autochtones pour les Espagnols, les Portugais, mais aussi l'Église.
Au-delà de la remarquable reconstitution historique, qui bénéficie des formidables paysages sud-américains, c'est également une lutte politique et humaniste qui se joue ici.
Le but des Jésuites est de faire des Guaranis des chrétiens à part entière, ce qui du même coup leur donne un statut qui les rend moins vulnérables face aux puissances européennes.
Ce jeu de pouvoir est assez bien dépeint ici même si il aurait mérité plus d’approfondissement.
Le film met plus l'accent sur les rapports entre les Jésuites et les Guaranis, qui réussissent à créer une communauté singulière qui s'appuie sur le christianisme. On y voit une communauté de prêtres qui n'hésite pas à aller vers l'inconnu pour transmettre leur foi.
Jeremy Irons interprète un prêtre jésuite pacifiste et obstiné qui gardera une ligne de conduite tout au long du film. Il est assisté par un ex-mercenaire en quête de rédemption, campé par Robert De Niro, qui rejoindra la congrégation. Ce tandem offre une dualité intéressante puisque l'ancien mercenaire fera ressortir une part de sa personnalité dure et violente dans l'adversité, qui contrebalance la quasi sainteté du premier. Leur scène d'adieu laconique est éloquente et témoigne de la sincère amitié et gratitude qui est née entre les deux protagonistes.
Impossible de parler de ce film sans faire référence à la magnifique musique d'Ennio Morricone qui transcende complètement le film. Ce mélange de musiques amérindienne et liturgique colle à la perfection au thème du film et à ses différentes scènes.
Des paysages sauvages magnifiques (superbement filmés), une musique inoubliable, des personnages habités et idéalistes, un sujet humaniste qui transporte ; soit un savant mélange qui donne à ce film un souffle indéniable.
À voir et revoir