Mission Impossible, sorti en 1996, avait fait un tabac. Tom Cruise se lance alors aussitôt dans la préparation d'une suite, cette fois-ci accompagné d'Oliver Stone. Le planning est cependant chamboulé lorsque Cruise remet le projet pour plus tard afin de pouvoir tourner Eyes Wide Shut avec Kubrick, un chamboulement qui pousse Stone à laisser le projet qui tombe alors entre les mains de John Woo. Côté cast, seul Cruise et Ving Rhames reviennent, et l'on peut compter sur l'arrivée entre autres de Thandiwe Newton et Dougray Scott, acteur écossais qui a refusé le rôle de Wolverine afin de tourner ce film.
Un tournage que la postérité retient pour une séquence en particulier : le free solo de Cruise au début du film, destiné à réintroduire Ethan Hunt au public après 4 ans d'absence. Tom Cruise voulait offrir au personnage un retour marquant et pour cela il refusa mordicus après du studio d'abandonner le passage, d'ailleurs tourné avec baudrier et câble de sécurité mais sans filet de sécurité.
À sa sortie le film divise encore davantage que le premier, salué pour la patte reconnaissable de John Woo et par extension pour le gain de "personnalité" et de confiance sur tous les plans par rapport à un premier opus qui se voulait bien plus conventionnel, mais critiqué pour son manque de substance - sacrifié au profit du style dans un plot qui ressemble à un ersatz coké de James Bond.
Une réception critique qui n'empêche pas le film d'attirer le public en masse puisqu'au terme de son exploitation en salles, ce ne sont pas moins de 548M$ qui sont cumulés au box-office dont 215M$ rien qu'aux States (4,09 millions d'entrées en France contre 4,12 millions pour le premier), faisant de lui le vainqueur du BO de l'année et le 16e plus gros succès mondial all time à ce moment-là (hors inflation cela va sans dire).
Lorsqu'un dangereux virus capable de tuer 37h après son administration est volé par Sean Ambrose, un ex-agent secret et ancien collègue d'Ethan Hunt, ce dernier a pour mission de l'arrêter et sauver le monde. Afin de la mener à bien, il devra non s'entourer d'agents de confiance tels que Luther rencontré dans le 1er opus, mais aussi Nyah Nordoff-Hall, l'ex-petite amie d'Ambrose.
Je n'ai jamais été fan de cet opus et ce revisionnage n'aura hélas pas changé grand chose.
J'apprécie la scène d'ouverture qui subvertit nos attentes en introduisant un Ethan qu'on peine à reconnaître avant de nous montrer pourquoi (mais qui crée aussi plus de questions qu'il ne donne de réponses) et la séquence en free solo qui reste encore aujourd'hui très captivante malgré le discutable choix de musique pour l'accompagner.
La patte John Woo est certes appréciable, mais elle est tellement réduite à son plus superficiel effet que ça me sort systématiquement du film. Dans un film aux airs nanardesques tel que Face/Off ça fonctionne du feu de dieu en plus d'être magnifié par les jeux de John Travolta et Nicolas Cage, mais dans la suite d'une toute jeune saga d'espionnage qui se voulait un tant soi peu vraisemblable ? +10 points pour la prise de confiance, -20 pour le grand écart stylistique avec l'opus précédent. Oui, le film a définitivement plus de personnalité que le premier, mais à quel prix ?
La romance malaisante, l'ambiance globalement bien plus mélodramatique, les ralentis les colombes à gogo... tout ça est indissociable de cette suite (et du lore de John Woo) et pour moi ça ne marche tout simplement pas. C'est fou car je ne peux pas m'empêcher de repenser à Face/Off avec lequel il partage tant de points communs, mais pour la seule raison d'être la suite d'une franchise qui tente encore de se bâtir une identité, je n'arrive en pratique pas à apprécier MI2 de la même façon que Face/Off, que je prends toujours énormément de plaisir à savourer pour ses excès.
Je vais dire que même si ce revisionnage n'a pas transformé mon appréciation du film, j'ai a minima été plus réceptif à l'ensemble, eu égard à la quête d'évolution qui se dégage du projet. Las, ce que beaucoup considèrent comme contribuant à son charme so 2000 demeure à mes yeux comme une sortie de route : la franchise va proposer cent fois mieux sur bien des aspects et se stabiliser au niveau de son identité, la filmo de John Woo propose mieux, et même dans la catégorie "capsule temporelle des early 2000's" je trouve plus facilement mon compte dans un film de série B comme Charlie's Angels, lui aussi outrageusement ancré dans son époque et surfant clairement sur le principe de revival d'une vieille série télé en film d'action performé par Mission Impossible.