Tom Cruise, héros christique tout terrain

Est-ce que je l'attendais de pied ferme ? Assurément. J'ai toujours apprécié cette saga avec ses épisodes, dans le haut du panier des blockbusters, mettant à l'amende tous ses concurrents en termes de qualités. Le dernier opus (Dead Reckoning) m'avait laissé une bonne impression présageant une seconde partie d'arc scénaristique mouvementé.

Mais il faut aussi prendre en compte que cet opus a été vendu d'une manière particulière. Alors qu'il devait être tourné back to back avec le précédent, des problèmes de production ont entrainé l'abandon de ce projet. Le non-succès de Dead Reckoning en salle est à imputer à ses concurrents de l'été 2023 : le chefd'oeuvresque Oppenheimer et cette grosse merde bien pourrie de Barbie. Finalement ce 8e épisode abandonne son titre "Dead Reckoning - Partie 2" pour un nouveau lourd de sens, The Final Reckoning. Ainsi s'il conserve la mission de poursuivre l'arc narratif 2 mois après les événements du précédent film, le long-métrage est vendu aussi comme La Conclusion de la franchise débutée il y a quasiment 30 ans. Pour ce faire il a été décidé d'intégrer des allusions aux opus précédents, choses qui était déjà évident dans le précédent (retour du personnage d'Eugene Kittridge), en jouant à fond cette carte d'une approche résolument nostalgique. Ce bouquet final entend être donc davantage tourné vers l'émotion, logique pour une conclusion de saga (mais la plupart se vautrant : Jurassic World 3, Star Wars IX). Mais comme son prédécesseur ce dernier a rencontré aussi des problèmes de production (grève des scénaristes, puis casse d'un sous-marin). Son budget estimé à 400 millions de $ fait non seulement le film le plus cher de la franchise mais surtout l'un des films les plus cher jamais produit dans l'industrie du cinéma (peut-être 2e après Avatar 2 dont le budget maximum est estimé à 460 millions de $).

Je vais commencer par soulever les points négatifs dans cette critique, préférant terminer sur les réussites honorables de ce film.

Je rejoints le consensus et reconnais que le film est trop long. Je n'ai jamais regardé ma montre souhaitant me concentrer sur l'intrigue. Mais je peux comprendre que lors d'un visionnage submergé par tant d’expositions on puisse rater des détails. Sans doute ce verbiage est décidé pour rappeler le film précédent à ceux qui ne l'avait pas vu. Je trouve cela dommage que l'ombre de l'Entité planant pendant l'introduction disparaisse par la suite de l'intrigue. Idem pour son vilain sbire désormais désolidarisé Gabriel (relégué au second plan). Cette première partie de métrage multiplie les antagonistes à l'investissement aléatoire : La Présidence du pays tiraillée par les choix, les supérieurs de la FMI, les puissances mondiales (surtout les Russes), Gabriel et des disciples/acolytes de l’entité (ennemis les moins exploités dans l'intrigue si ce n'est pour 2 interventions). Par ailleurs certains d'entre eux sont dégagés de l'intrigue de manière expéditive sans susciter la moindre émotion. Pour ce qui est de l'allusion aux précédents opus elle se résume à des rafales de flashbacks (pour ceux qui n'auraient pas suivi la saga). Les plus appuyés concernent la révélation sur la réelle nature de la patte de lapin de Mission Impossible 3 (ça m'arrange ayant toujours été frustré ne pas savoir ce qu'était ce MacGuffin) puis des personnages de Mission Impossible (1996). Le retour du personnage William Donloe (le gardien de la chambre forte dans la CIA ) fait vraiment forcé, mais n'apporte pas grand chose. Idem pour la filiation du personnage de Jasper Briggs avec celui de Jim Phelps (ancien chef d'équipe du FMI pour Hunt) qui tombe comme un cheveux sur la soupe. Ces flashbacks, placés exprès pour les spectateurs non initiés à la franchise, sont trop présents. On a parfois l'impression que le film se repose là-dessus pour créer de l'émotion, ce qui ne suffit pas toujours. Il manque étonnamment dans cet épisode 2 ingrédients essentiels qui ont fait le sel de la saga : les masques et les twists. Pour un final, il y a très peu de grosses scènes d'actions alors que le précédent en proposaient quand même 4.

Cependant les 2 gros moments de bravoures du film (plongée sous-marine dans l'épave du sous-marins et course poursuite en biplan) restent spectaculaire et démontrent la maestria de McQuarrie pour mettre en image les périlleuses cascades de Tom Cruise. On a aussi ponctuellement quelques scènes de baston bien viscérales. Le scénario est auto-centré sur le personnage d'Ethan Hunt (intention communiquée avec les affiches promotionnelles du film), ce qui reprend ce principe établi pour les 3 premiers films. Cela sert plutôt bien le jeu de Tom Cruise dans une approche plus émotive. Il y a donc peu de place pour les coéquipiers du célèbre espion, ce qui n'empêche pas pour autant d'apprécier ce héros christique tout terrain (sous la mer et dans les airs).

Si c'est épisode ce place assurément parmi les moins bons de la saga d'espionnage du à ces défauts évidents, il se place néanmoins dans le haut du panier des blockbusters actuels. Est-ce la fin de la saga ? Rien n'est certain. Mais la fin reste ouverte. Les recettes de ce film onéreux confirmeront. Après cela peut-être bien de savoir s'arrêter faute de pouvoir se renouveler. La saga Mission Impossible a fait le tour de ses sujets.

Il y a un endroit où Tom Cruise n'est pas encore allé : L'espace. Pour ce casse-coup roi du divertissement actuel, rien n'est impossible. Par ailleurs c'est un vrai projet.