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Au hasard de mes errements Youtubesques, je suis tombé sur une séquence avec le réal de Get Out et de Nope, qui faisait un classement de ses films d’horreurs préférés. Entre classiques établis et nouveautés à la mode, Jordan Peel trouve le moyen de préférer The Babadook à Massacre à la tronçonneuse. N’ayant jamais entendu parler du premier, je me dis que je passe peut-être à côté d’un film mémorable. Étant donné que c’est le seul film de ce classement que j’ignore, et malgré une affiche peut engageante rappelant un Sinister du pauvre, je décide de le lancer.

Et ce que je craignais se produit rapidement sous mes yeux. Cette fameuse mode du film d’horreur chiant, esthétisant, en retenue et voulant avant tout s’ancrer dans une réalité sociale, et afficher une maîtrise des règles du genre (= farcir de clichés vus et revus). Dans les années 70, les films d’horreur avaient pour objectif principal - pour le meilleur et le pire - de distraire, de choquer et mieux de faire flipper le spectateur, pourquoi pas.

Produits et réalisé par des types désaxés, complétement névrosés et en guerre contre les mœurs et valeurs de la société, les films d’horreur étaient des défouloirs, des coups de boutoir visant à déranger les grenouilles de bénitier et les conservateurs.

En 2025, le film d’horreur n’est plus le moyen d’expression des freaks du 7e art, c’est devenu une niche ouverte un peu à tout le monde et à n’importe qui, pire aux gens qui veulent absolument qu’un film d’horreur soit plus qu’un film d’horreur, mais aussi une invitation à la réflexion. C’est même devenu un sport pour beaucoup. Tirer aux forceps des analyses politiques de trucs qui avaient pour but premier de foutre le traczir.

Et le secteur est même florissant, au regard de la quantité de films d’horreur produite. Si vous êtes un jeune réalisateur, vous avez plus de chances de faire produire votre film en le présentant comme un film d’horreur qu’en drame familial lambda.

Et c’est un peu le cas de The Babadook, puisque les 40 premières minutes de film ne font absolument pas peur (et ne cherchent pas à faire peur) mais à exposer le douloureux quotidien d’une jeune veuve qui élève son fils moche. Il se distingue de ses camarades par ses problèmes de comportement à l’école et par un goût immodéré pour les armes de catégorie 2.

Et c’est vrai que durant ces très longues minutes, on peut se dire que l’on s’est gouré de film. Seuls quelques plans nocturnes sous les couvertures nous signalent que nous sommes venus pour frissonner. Mais très vite, la tension retombe, et on n'a même pas droit aux Jumpscares habituels - seul cliché qui nous sera épargné, c’est déjà ça.

Car The babadook s’y connaît en clichetons. Tout y passe : l’infirmière qui prend soin des autres, mais pas d’elle-même (syndrome vicariant), et se néglige dans sa vie de femme, la communication difficile avec son jeune fils aux cheveux longs qui masquent son visage quand on veut le rendre inquiétant, la cave flippante, les dents qui se déchaussent dans le bol de céréales, le livre pour enfant hanté qui réapparaît mystérieusement quand on cherche à s’en débarrasser, et puis cette créature qui grimpe au plafond, avec les griffes de Freddy, le chapeau de Slash et l’imper du démon de Sinister. Il manque juste le rêve avec un Cerf en CGI et le flash-back qui montre les sévices subis chez les bonnes sœurs.

Au bout d’une heure de film, et après une succession de goûters d'anniversaire et de parties de bingo endiablées à l'EHPAD, l’état psychologique de la maman se dégrade et laisse entrevoir le pire, d'où les nombreux plans sur cette femme folle comme le prouvent ses cheveux gras. Ça cherche à nous rappeler Répulsion, y a le lit qui bouge comme dans l’Exorciste, et même des pièges dans la maison tendus par le gosse moche qui rappellent ceux de Kevin dans ... Maman j’ai raté l’avion (assez surprenant pour le coup). The Babadook veut surtout exposer la détresse psychologique d’une famille qui ne parvient pas à faire son deuil. Mais la réalisatrice, Jennifer Kent aurait tout aussi bien pu faire le même film sans l’enrober dans cette couche horreur surnaturelle et factice. C’est le problème du genre horreur, il est permissif, il accueille tout le monde, même ceux qui veulent vous vendre autre chose (cf La nuée).

Vous l’aurez compris babadook est chiant comme un film d’auteur fauché. Ses effets sont pauvres et inefficaces, il n’y a guère que le récent Good boy pour se présenter en escroquerie supérieure dans le genre horrifique (remplacer le deuil impossible par la maladie et l’enfant moche par le chien mignon).

Tout ça pour dire que dans le genre deuil difficile Massacre à la tronçonneuse est bien meilleur.

Negreanu
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le 5 nov. 2025

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Negreanu

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