Attention, je précise que cette critique est REMPLIE DE SPOILS!

En allant voir ce film, on s'attend à voir un énième film de maison hantée, voguant vaguement sur la vague Insidious, et d'ailleurs quelques critiques ont comparé les deux films.
Mais attention, les deux n'ont rien, mais alors rien à voir! Là où James Wan allait cherchait à l'extérieur les éléments de la peur, c'est ici la famille en elle-même qui est directement la cible de Jennifer Kent.
Le film commence comme un banal film social sur la maternité isolée, teinté de La Malédiction avec cet enfant blafard qui semble possédé et fait une sacrée fixette sur les monstres sous le lit. De lui viennent nos craintes, et c'est autour de lui que tourne toute la première moitié du film. C'est lorsque la mère et le fils trouvent par hasard un album de jeunesse pour le moins glauque, Mister Babadook, que se dévoile le véritable sujet du film: le deuil, les angoisses qui en découlent, et leurs conséquences sur la famille.
Ainsi, sous couvert d'un symbolisme effroyable qui prend la forme d'un croquemitaine MarilynMansonnien, J. Kent nous fait comprendre que les problèmes de la famille ne viennent pas des troubles comportementaux du petit garçon, mais bien de la mère, dont le deuil inachevé par refoulement de la mort de son conjoint a agi sur la famille comme une gangraine contaminant au fur et à mesure chaque parcelle de sentiment (beau symbole en ce sens à travers les cafards derrière le frigo). Le fils est devenu le catalyseur des angoisses refoulées de la mère, qui tend à le rendre responsable de la mort de son mari.
Le livre, lui, agit comme un véritable révélateur faisant décompenser la pauvre mère et lui renvoyant directement ses angoisses par un texte à double sens d'une grande richesse. A titre d'illustration, le récurrent cri du Babadook (Baba badook...dook...DOOOOK!) rappelle immanquablement le déclenchement d'une crise d'angoisse qui peut surgir à n'importe quel moment (au lit, en voiture,...) tant que le sujet tend à refuser ses angoisses, les rendant inexorablement plus puissantes (un autre avertissement du livre d'ailleurs). Le livre est, à ce titre, une belle image de l'inconscient puisqu'il s'adresse (in)directement à la mère en prévoyant ce qui arrivera.
L'héroïne devra apprendre à accepter ses angoisses pour laisser son mari là où il appartient désormais (le passé, symbolisé par la cave où sont remisées ses affaires), sans pour autant ne pas nourrir son souvenir (la scène de fin avec les vers de terre montre bien cette acceptation et offre une référence grinçante à la décomposition des cadavres). Une fois les angoisses acceptées et apprivoisées (cf: toujours la scène de fin), la famille peut revenir à sa configuration naturelle, amplie de simplicité (sous couvert d'une forte glauquitude), d'amour et de magie (symbolisée par les tours du fils).
Un grand film d'horreur à la richesse enfouie qu'il faut savoir déterrer pour l'apprécier dans tout sa splendeur, une double lecture qui, en plus de nous livrer un film effrayant, se révèle assez drôle dans le décalage des situations.

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le 4 août 2014

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