(spoil, bien évidemment)
Si les histoires d'horreur arrêtent de mettre de l'horreur, les films de genre vont commencer à être bien trop conceptuels pour moi. A quand le film de science-fiction sans science et sans fiction ? Il y a beaucoup d'implicite et de choses cachées dans The Babadook. A un tel point, d'ailleurs, qu'on se demande de quoi être effrayé.
Beaucoup de critiques "à part" (= CaptureMag et vlogs) vantaient The Babadook comme un vrai film d'horreur original et nouveau parce que, voyez vous, il n'y avait pas de jump scares; ce qui revient à dire "allez voir la nouvelle comédie américaine, il n'y a pas de blague scatophile" - ah ouais, mais le film est drôle ? - non, mais il n'y a pas de blague scatophile!
The Babadook est un film d'auteur, cela va sans dire, mais c'est un auteur peu inspiré et peu talentueux qui en est à la charge. Certes, on peut apprécier l'hommage au cinéma de Méliès et à l'expressionnisme allemand des années 20 (plagiat?). Mais entre nous, The Babadook reste plat, prévisible, banal. Et pour couronner le tout, le livre décrit étape par étape ce qui va se passer dans le film. Hormis pour son esthétique bien définie, le film galère à trouver un fil conducteur qui va lui servir à se donner une entité proprement nouvelle et originale. Cela est sûrement dû à une réalisatrice un peu paumée qui fait fourre-tout en réunissant tous les clichés du film d'horreur imaginables:
- Déjà, il faut surtout que tout soit glauque au départ. Une maison normalement éclairée et décorée ? Non non, il faut une architecture et un papier-peint déprimant pour bien faire comprendre aux spectateurs que la vie est triste et que quelque chose d'horrible va arriver. (le B.A.BA du film d'horreur facile qui préfère imposer une ambiance plutôt que d'en créer une -parce que ça c'est trop difficile).
- La fameuse loi universelle qui veut que les chiens sentent les fantômes et quand leurs maîtres ne sont pas eux-même. Ah, et l'autre loi universelle qui veut que tous les chiens meurent dans un film d'horreur (après les noirs, cela va sans dire).
- Un monstre pas du tout défini d'emblée, donc on alterne entre: 1. l'objet maudit ouvert par accident dans 2. la maison hantée, et qui libère 3. le fantôme, et/ou 4. le croque-mitaine ce qui mène à 5. une séance d'exorcisme, menée/ subie par (s'il n'est pas le méchant) 6. le gamin flippant ou (si elle n'est pas la méchante) 7. la mère flippante (7 monstres différents en tout ! Et sinon, le film, il va où ?)
- La fameuse scène ou des cafards/araignées/serpents (choisissez au hasard) qui sortent des murs, bouuuh.
- La fameuse scène de la dégradation corporelle: la femme perd ses cheveux/dents/choisissez au hasard.
- Les placards et les portent qui s'ouvrent tout seuls (TERRIFIANT, on ne vit pas du tout ça au quotidien).
- Les fameux "plans appuyés" répétitifs qui surviennent dès les 20 premières minutes du film (la mère qui regarde la voisine par la fenêtre, avec une zone d'ombre derrière elle - je me demande bien ce qui va se passer d'ici une heure -- QUOI?! Le MÊME plan avec le MONSTRE ?! Oulala!)
- La théorie du complot: les victimes sont seules puisque personne ne les croit ("J'ai des cafards dans mon mur" *aucun cafard* Enfin, euh, je ne suis pas folle!").
- Les choix bidons et les actes irréfléchis que PERSONNE ne fait en temps normal, même en temps de panique, et qui servent à ne pas montrer les défauts scénaristiques du film ("Monsieur le policier, on me harcèle moi et mon fils en m'envoyant des livres qui menacent nos vies !!" - Ah, pouvez-vous me donner ce livre que je l'examine ? -Ah nan, je l'ai brûlé avant de venir vous voir, vous savez, c'est ce que toute personne sensée ferait dans ce cas-là. Ah vous ne me croyez pas ?! Vous êtes de mèche avec eux, ASSASSINS!)
- Il faut que tous les personnages principaux soient ultra louches aux yeux de tous, afin de niquer leur crédibilité ("Au fait je n'invite pas ton fils à l'anniversaire de ma fille, parce que, tu sais, c'est un gros psychopathe." -Ah ok, donc demain 18h pour l'anniversaire ! Histoire que mon fils fracture le nez de ta gamine et que je passe pour une mère irresponsable. Ca passe crème si j'ai besoin des flics pour plus tard)
- etc.
Bref, le film accumule une série de clichés qui définissent le (mauvais) film d'horreur moderne, à défaut de trouver des idées horrifiques réellement nouvelles et jamais vues jusque là.
Je ne nie pas du tout les bonnes idées du film (la fin, le traitement des personnage, la "psychologisation" de l'horreur) mais le The Babadook n'est pas le film nouveau dont on vante les mérites. Au mieux, c'est un film qui tente quelque chose d'intéressant. Au pire c'est un film surfait qui attire un public devenu peu exigeant en raison du nombre de grosses merdes qui sont sorties cette décennie.