Je suis assez admiratif du prémisse, du déroulement et de la réalisation de The Babadook. Ce n'est pas un film d'épouvante aussi classique qu'il en a l'air. Le conte qui se pose sur l'affiche, version alternative du croque-mitaine, n'est qu'une couche esthétique; cette tournure violente d'une histoire pour enfant aurait fait son office dans le genre, mais ce n'est finalement pas le propos. Le propos, c'est le burnout, la dépression soudaine, l'accumulation de fatigue, de peine, de culpabilité, et le deuil. Et le film ne parle en réalité que de ça. On suit simplement l'itinéraire d'une mère de famille, veuve, et dont la progéniture est incroyablement perturbée. C'est l'enfant le plus exécrable que j'ai pu voir sur un écran (j'avais envie de mordre mon coussin de haine; il y a clairement des baffes qui se perdent); pas diabolique, pas méchant, pas fou, juste perturbé, exaspérant à l'extrême. La mère nous est décrite comme d'une patience monacale, infirmière gériatrique douce, comme on le voit sur quelque plan, voisine sympathique, sœur à l'écoute...mais définitivement dépassée et seule.
C'est ce que j'ai particulièrement aimé avec The Babadook, la construction implacable, une heure durant, de la fatigue; l'érosion progressive des nerfs, de l'amour de la mère pour son enfant, amour déjà difficile depuis la naissance. Et le fait que jamais, The Babadook n'est affirmé comme une apparition réelle, un être mystique, un fantôme qui imposerait sa volonté à cette femme, mais plutôt comme un reflet mental de l'amour/haine qu'elle porte à son fils. J'ai aimé que The Babadook ne tranche jamais réellement la question de l'existence du conte, comme le font bien trop souvent les films d'épouvante et de maison hantée classiques, mais s'en serve simplement comme d'une métaphore des tourments du personnage principal.
Mais...
Évidemment, on n'échappe pas à des poncifs handicapants. Avant que la mère ne se laisse séduire par l'idée du Babadook, le film a largement le temps de lui proposer des situations qui devraient la conduire chez le pédo-psychiatre. De même, devant la détresse et la fatigue qu'elle ne cache plus à certains passages, il est assez peu vraisemblable que ni sa sœur, ni le docteur, ni les assistants sociaux ne lui proposent véritablement de l'aide, ou ne tirent la sonnette d'alarme. Et surtout...le film ne sait pas s'arrêter. Alors qu'au bout d'une heure et quart, la résolution semble complète, une séquence "finale" se clôturant même sur un fondu au noir, le film relance une scène (l'épilogue se dit-on alors) qui engage une sorte d'happy ending, puis une autre et fondu au noir, puis une autre et fondu au noir, s'achevant sur une séquence à la fois un peu contradictoire avec l'idée de deuil, et dans le même temps quelque peu dans le propos de la dépression qui reste, ne se décolle jamais vraiment.
Étrange résultat donc, mais film pour le moins intéressant pour son croisement entre épouvante et drame familial. De très bonnes idées narrative, une métaphore efficace (un peu simpliste, diront certains) et malheureusement, une fin qui saccade et ne sait quand arriver...