Mobile Suit Gundam I
6.9
Mobile Suit Gundam I

Long-métrage d'animation de Yoshiyuki Tomino (1981)

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-Critique des trois films-


Japon, an 1979 après J.-C., le Super Robot, genre d'anime comptant par exemple Mazinger Z (dont Goldorak est l'une des suites) ou Daitarn 3 et consistant principalement en des Mechas (des robots géants, quoi) se tatanant généralement avec des aliens dans des combats surréalistes et cartoonesques et un scénario manichéen, règne en maître sur les télévisions nippones.


Mais un homme au sein du studio Sunrise, Yoshiyuki Tomino, décide de changer un peu les choses, et réalise Mobile Suit Gundam, anime très inspiré par les romans science-fictionnels Etoiles, garde-à-vous, de Robert Heinlein, et les Villes de l'espace, de Gerard K. O'Neill. Le résultat n'a plus rien à voir avec du Super Robot, et est du pur Real Robot, le premier anime du genre, même.
Du fait de ses thématiques très sombres, et qu'il n'avait à l'époque pas trouvé son public, l'anime est annulé au bout de seulement trois épisodes, mais du fait du succès de ses produits dérivés (aujourd'hui encore, 90% de l'oseille générée par Gundam l'est grâce aux figurines), l'anime est reconduit avec 43 épisodes.
Mais ce n'est qu'en 1981 que Gundam connait un véritable succès avec la sortie des trois films résumant la série, avec pas mal de scènes refaites et de mecha-designs améliorés, entraînant alors la sortie de sa suite en 1985, Gundam Z, qui est encore meilleure et est carrément plus sombre, ainsi que toutes la flopée d'anime qui ont suivi se déroulant dans le même univers.


L'espace, An 79 du Siècle Universel, une partie de l'humanité a émigré dans de gigantesques colonies spatiales, mais reste cependant gouvernée par la Fédération Terrestre, union des gouvernements de la Terre. Une guerre meurtrière, dans l'espace comme sur Terre, éclate alors entre celle-ci et la Principauté de Zeon, avec à sa tête la famille Zabi, qui réclame l'indépendance des colonies spatiales, et en fait tomber quelques unes sur des mégalopoles, causant des millions de morts.
L'affrontement tourne peu à peu en faveur de Zeon, du fait de leurs mobile suits, robots géants employés comme armes de guerre, dont l'un d'eux est piloté par Char Aznable (référence à Charles Aznavour), pilote d'élite surdoué. Jusqu'au jour où la Fédération parvient à développer un prototype de mobile suit surpuissant : le Gundam, qui échoue par la force du hasard entre les mains d'un adolescent du nom d'Amuro Ray.


Ce qui frappe déjà, c'est le réalisme extrême de Gundam dans l'approche du genre mecha, l'éloignant totalement du Super Robot : la géopolitique et la stratégie y tiennent une place prépondérante, l'histoire n'est pas du tout manichéenne, les deux camps comportant chacun des braves types et des trous de balles, les mechas ne sont pas des machines dotées de super-pouvoirs, mais des armes de guerre puissantes, sans pour autant être invincibles, leurs designs réalisés par Kunio Okawara, carrés et donnant la sensation qu'ils ont été manufacturés, n'ayant plus grand-chose à voir avec ceux rondelets et fantaisistes des mechas de super robot.


Mais également dans le traitement de ses personnages, qui sont pleinement humains, avec tout ce que ça implique de qualités, de défauts, d'aspirations et de faiblesses, et seront durement clairsemés par leur surmortalité.
Car dans Gundam, les morts sont comme dans la vraie vie et rejoignent le propose extrêmement pacifiste de l'anime : brutales, subites, injustes, imprévisibles, fréquentes, le genre de morts qui laissent les proches sous le choc et accablés par une perte qu'ils n'ont pas, mais alors pas du tout vu venir.
Montrant ainsi que la guerre est une chose absurde empêchant l'humanité de réaliser son potentiel, et créant des divisions qui pourraient être évitées si les humains se comprenaient davantage (je rappelle que cet anime vient d'un pays qui s'est pris deux bombes atomiques), comme dans ces scènes où Amuro fraternise avec Ramba Ral, un pilote d'élite de Zeon.


Leur écriture et leur traitement sont aussi très bien fichus, chacun ayant son moment de développement, surtout Amuro, jeune garçon immature gagnant peu à peu en maturité à grands coups de claques (parce que les personnages de Gundam, voyez-vous, se prennent tout le temps des claques, c'est même devenu un meme chez les fans) et Char Aznable, la "Comète Rouge", dont la rivalité les opposant se muera en alliance dans Gundam Z, où ils combattent ensemble les Titans, une faction fascisante et ultramilitariste de la Fédération, et aura une conclusion magistrale dans le film Char's Counterrattack (l'un des mieux animés de sa décennie, d'ailleurs), mettant en perspective deux visions différentes du futur de l'espèce humaine, l'une optimiste, l'autre pessimiste.


Car Tomino questionne ici la capacité de l'humanité à apprendre de ses erreurs, laissant le spectateur trancher, et pose une réflexion sur ses possibles évolutions dans l'espace : parmi les humains vivant dans les colonies, sont apparus des Newtypes (dont Amuro en est l'un des représentants), des êtres possédant des dons télépathiques, leur conférant par exemple de bien meilleurs réflexes en combat (sans pour autant les rendre invincibles, et qui n'est d'ailleurs qu'un aspect minime), mais surtout la capacité de comprendre l'autre, et ainsi se libérer du cercle vicieux de la haine et de la violence. La définition d'un Newtype restant cependant assez vague :


"Mais si on y réfléchit bien, qu'est-ce qu'un authentique Newtype, au juste ?
Personne ne connaît la réponse
."
Full Frontal, dans l'épisode 7 de Gundam Unicorn.


Ces trois films résument très bien la saga animée en à peu près 7 heures, vont droit au but, et sont excellents malgré un rythme un poil décousu et une animation qui n'a pas extrêmement bien vieilli (enfin ça, c'est vrai surtout pour les deux premiers, parce que niveau animation et réalisation, le troisième redresse vraiment la barre, et puis, tout comme le chara-design, ça leur octroie un charme très old-school), et sont une très bonne porte d'entrée dans la franchise, car résumant très bien son propos et vu que c'est la première série Gundam, vous serez pas paumé.


Car au cas où vous le sauriez pas, la franchise est riche de tonnes d'anime et d'OAV, en plus des séries se déroulant dans des univers parallèles, les premières étant G Gundam (1994), Gundam Wing (1995, d'ailleurs ma première série Gundam, et également le seul anime où quand tu invites quelqu'un à ton anniversaire, il y a ça qui se produit) et Gundam X (1996).
C'est du coup assez ardu de s'y retrouver, surtout dans les anime de la timeline du Siècle Universel, il vaut donc mieux visionner les séries dans l'ordre chronologique.


Bien que la franchise Gundam soit surtout un truc de connoisseurs en occident, elle est au Japon au moins aussi culte que Star Wars (pour preuve ce modèle grandeur nature du Gundam Unicorn, à Tokyo) et a profondément influencé le regard de nombreux japonais quant à la guerre. Cet anime fut également l'un des premiers, si ce n'est le tout premier, à s'adresser principalement à un public mature et averti, inaugurant la vague de Real Robot qui allait inonder l'animation des 80's, avec des anime comme Votoms ou Fang of the Sun Dougram, pour ne citer qu'eux.


Et sans toute l'influence qu'il a eu sur la japanimation, nous n'aurions probablement jamais eu des anime comme Evangelion, Serial Experiment Lain et Cowboy Bebop, ainsi que tous les excellents memes de niche sur Gundam.


Les trois films sont d'ailleurs disponibles avec des sous-titres anglais sur Youtube, tout comme Gundam Z et Char's Counterrattack, profitez-en tant qu'ils sont pas supprimés.


Gundam I : 7,5.
Gundam II : Soldiers of Sorrow : 7,5.
Gundam III : Encounters in space : 8.

Créée

le 13 déc. 2019

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