Je ne jugerai pas ce film sur le fait qu'il ai reçu la palme d'or. Je n'ai pas vu tous les films de la compétition, je m'en tiendrai donc à un constat concernant le film en lui même et rien d'autre.
J'ai beaucoup apprécié I, Daniel Blake. En dehors du propos et de son engagement politique, j'ai trouvé que Ken Loach, et c'est une chose qui m'avait aussi beaucoup plu dans Route Irish, sait se mettre à la distance parfaite de son sujet et de fait ne jamais tomber dans le sentimentalisme facile ni le mélo dramatique. Cela passe par une mise en scène sobre illustrée de très peu de musique au scénario réaliste à l'extrême, à la limite du documentaire finalement, dont le but n'est absolument pas de faire rêver mais d'établir un constat social. Il faut donc, de fait, "juger"le film par rapport à son sujet pour se faire une idée de l'intérêt de l'oeuvre, et, en effet, I, Daniel Blake est un film qui donne à penser. Cette parfaite distance justement permet au spectateur d'être suffisamment touché par ce qu'il voit tout en continuant de réfléchir sur ce qu'il reçoit et d'établir une réflexion sociale libérée du prisme du grand sentimentalisme. Parce que ce film a pour mérite de raconter une histoire vraie, peut-être pas au sens littéral du terme, mais I, Daniel Blake raconte l'histoire de millions de personnes dans cette situation, une situation qui peut toucher chacun de nous, et qui parfois entraîne une perte de sa dignité.
Et c'est bien là qu'I, Daniel Blake est intéressant, car c'est avant tout un film sur le désir de reconnaissance, et la reconnaissance de son identité. C'est ce pourquoi les gens se battent depuis toujours et le message primordial de celui ci. Le combat pour rester un Homme, digne, debout, dans une société paradoxalement individualiste et en même temps conformiste. Même si le côté frontal de la dénonciation semble déplaire à certaines critiques, je pense au contraire que ce genre de film est important, parce qu'il est aussi important de dire les choses sans détour, sans métaphore ni méthode implicite pour faire plus arty. De ça, Ken Loach s'en fou, et c'est ce qu'ont du remarquer le jury de ce 69 ème Festival de Cannes.
Ont-ils eu raison ? Je ne sais pas. En tout cas, je recommande cet I, Daniel Blake, au passage magnifiquement interprété.