Premier long-métrage muet italien que je découvre après avoir été initié avec "La Valigia dei sogni" de Comencini, voilà une jolie découverte. Célèbre pour être le premier rôle au cinéma de la fameuse comédienne théâtrale Lyda Borelli, ce film a été bien évidement entièrement conçu comme un véhicule pour l'actrice. Celle-ci d'ailleurs travailla énormément sa gestuelle pour apporter plus de sophistication au cinéma qui ne brillait pas jusque là par sa qualité. Ce fut d'ailleurs un gros challenge pour elle puisqu'elle devait totalement s'affranchir de son style de jeu sur scène (qui passait beaucoup par sa voix).
A la sortie de Ma l'amor mio non muore !, les critiques furent élogieuses et il faut avouer que même 100 ans plus tard, son interprétation tient encore très bien la route. Excepté certains tics comme sa manière de passer sa main dans ses cheveux en faisant les gros yeux lors des moments de grandes surprises dramatiques, Lyda Borelli témoigne d'une réelle finesse et d'une palette d'une grande finesse, à la fois sobre, subtile et intense.


Celà dit, le film ne repose pas que sur elle. La réalisation est également très surprenante. Uniquement constituée de plans fixes, Caserini en profite pour travailler la profondeur de champ et l'espace d'une manière assez virtuose. D'où des plans d'une durée (volontairement) inhabituelle où les personnages passent du fond de l'écran au premier plan (et inversement), parcours les différents recoin des pièces, sans oublier de nombreuses scènes où l'activité qu'on perçoit dans dans l'arrière plan enrichit la dramaturgie du moment. La façon dont les personnages évoluent dans le décor est particulièrement travaillé et révèle leur psychologie et leur rapport de force. Le découpage se fait donc à l'intérieur même des plans et, tout en étant statiques, le film ne manque pas de mouvements.
Certaines idées sont à ce titre brillantes dans cette gestion de l'espace comme le rideau se fermant après une représentation et qui vient uniquement masquer la loge où se trouve le nouveau fiancée de Borelli, laissant deviner que le théâtre va être un obstacle à leur relation.


En revanche, il est dommage que le même soin ne soit pas accordé au scénario qui manque terriblement de rigueur et qui part dans tous les sens, enchaînant tous les clichés du genre (à commencer par une fin mélodramatique prévisible). Entre les personnages qui disparaissent du récit, les parenthèses inutiles et les pistes inexplorées, il y a des moments où on se demande s'il y a encore un auteur quelque part.
Dans les reproches qu'on pourrait aussi formuler, il y a aussi une photographie assez plate avec sa lumière frontale et uniforme qui éclaire chaque séquence de la même manière (à part l'insert plus soigné des plans de défenses sur le bureau du colonel).


Mais le travail du cinéaste et de comédienne rend ce film très recommandable. D'ailleurs la nouvelle Brucette qui ne connait pas grand chose au cinéma et dont c'était le premier muet qu'elle découvrait a trouvé ça pas mal du tout (à part la musique, patchwork de différents air et chansons d'époques)

anthonyplu
6
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le 2 oct. 2016

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