Film à la beauté improbable, extrême mais agréable

Les pays du Nord ont historiquement été un berceau dans l'art et dans la créativité. Malheureusement dans le cinéma (mise à part Lars von trier), et particulièrement dans le cinéma d'animation, peu sont les films qui ont si gagner nos salles. Cependant il n'est pas dit que ces films ne sont pas inintéressants, bien au contraire. Ce sont généralement dans les pays n'ayant pas l'accès au public international que l'on trouve les œuvres les plus intéressantes car n'étant pas dicté par un modèle à suivre. Si le film doit sortir, cela forcément national, allant dans quelques pays voisins dans le meilleur des cas. De ça, les réalisateurs ne s'imposent pas de limite à leurs volontés et à leurs créativités, se permettent des choses que l'on ne verrais pas tous les jours, et autant ne faire parfois qu'un seul film, autant partir sur une grande note et y aller à fond plutôt que de faire une note en demi teinte et se retrouver à regretter de ne pas avoir fait plus. Mais malgré ça, un film a su attirer mon attention. Une adaptation filmique d'un livre pour enfant, sorti en 2018 par son auteur accompagné d'un réalisateur de film d'animation, avait trouvé sa place en compétition officiel au festival international du film d'animation d'Annecy (l'équivalent du festival de Canne pour le cinéma d'animation) et a su faire du bruit malgré aucun prix remporté, et ce film, c'est Ternet Ninja ou en français "Mon ninja et moi". Verdict: mais QU'EST CE QUE C’ÉTAIT QUE CE FILM ??? Pour vous résumer mon ressenti durant la quasi totalité du film, j'étais complètement largué à ne pas savoir ce que je vois, mais pour résumer mon ressenti à la fin de la séance, je dirais que le film est réussit, EXTRÊMEMENT irrégulier mais réussit.

Déjà quelque chose de simple et de régulier durant tout le film: C'est beau. On peut critiquer le design des personnages qui peut faire un peu rond et pas très original, mais on ne peut pas nier une véritable minutie et une vrai maitrise technique. Il y a notamment une scène avec la peluche où elle est éclairé via la lumière du crépuscule venant d'une fenêtre devant laquelle se trouve la peluche, et l'on peut y voir le coton et toute la broderie un peu irrégulière du ninja, c'est magnifique. On a même des jeux de lumière et d'ambiance afin de coordonné l'ambiance dans le scénario et la tension. Comme je le disais, chez les pays "hors système" dans le commerce du cinéma d'animation, les choses sont parfois extrêmes l'on fait des choses que l'on ne verrait pas ailleurs, et la plus part du temps, ce sont des choses audacieuses. Le film s'ouvre quand même en Thaïlande avec la mort d'un enfant esclave battu à mort à coup de bambou. Petite déception: Pas de sang alors que toute la scène hurle au visage qu'il y a du sang, même plus tard dans le film on te dit qu'il y a du sang et ne pas en voir peut être perturbant pour la compréhension de l'histoire surtout sur son dénouement. Ensuite, pour resté dans les choses audacieuses que les films d'animations plus grand public ne font pas, le film a toute une séquence où l'on est dans du pure thriller horrifique. On n'est pas dans du pure horreur à prescrire une vingtaine de séance de psychanalyse, mais nous sommes quand même avec des scènes de pure tension et de pure créativité où le film s'affranchit de la sphère grand public et doux des films d'animation pour faire évoluer son histoire et son univers, c'est très bien fait. Maintenant, lorsque l'on est "hors système", il est plus facilement possible de faire des sorties de route et là je vais attaquer le plus gros défauts du film: A vouloir aller loin, il va parfois trop loin pour aller sur tous les terrains.

La chose se voit à travers l'humour et la tranche d'âge visé par le film. Rien que par la scène d'ouverture, on est amené à se dire que le film est axé pour un public jeune avec une sous couche adulte. Cependant mise à part cette scène, rare sont les scènes s'adressant aux adultes en sous texte, et les scènes adultes que l'on a relèvent surtout de l'adolescent à l'humour pas forcément fin. On a des scènes scato qui sont beaucoup trop mature et crade pour être pour enfant, des une scène de soirée où l'on banalise la présence d'alcool et de sexe dans les soirées étudiantes (alors que l'on parle de classes de 5e/4e grand max), on a une scène où une fille se fait traité de pétasse, on parle de d'acheter de la cocaïne. On a carrément un personnage qui représente tout ça qui est l'oncle du héros et qui réunis une bonne parti de ces vannes. Il fait des mains aux fesses à tout le monde et vannes sur le fait qu'il va se faire mentionner sur Twitter avec le Hashtag MeToo, il fait des vannes sur le fait que le beau frère du héros a le bide d'une femme enceinte, il boit de la bière, il vanne la tante qui est toxico et qui fume abusivement... Il y a pas mal de passages qui ne sont absolument pas adressés à un jeune public comme vise le film, car oui, le film vise essentiellement le jeune public. On le voit par rapport à l'histoire même du film, de la morale qui là est très intéressante avec un très beau sous texte sur l'enfance et sur ce qu'apportent les jouets, mais aussi à des références pour jeune public qui sont mis à niveau égale et sans distanciation avec des vannes pour adulte. Il y a la vanne du dab qui que l'on voit dans la bande annonce, on a aussi une danse Fortnite qui a le mérite d'arriver au 1er degrés et de ne pas venir comme un clin d’œil lourd, on a une scène au début du film où le héros va simuler un podcast youtube afin de montrer comment se brosser les dents,... et l'on a les interventions du Ninja qui causent soucis. J'ai passé sous silence deux éléments, à savoir la musique et les doublages. Les musiques sont sympathiques même si certaines auraient mérité plus de différenciation, on a parfois des musiques qui ressemblent à d'autres et ça peut créer une forme de redondance, mais à aucun moment c'est désagréable sauf lors des chants. Plusieurs fois dans le film on a des chants. Parfois des hits musicaux qui sont parfois bonnes, parfois avec des sous entendu sexuels graveleuses (je parle notamment d'une chanson sur un pull qui a des sous entendu assez osés),mais il y a aussi des moments où les personnages chantent. Ces passages sont assez rare mais ils sont assez douloureux et ça pour une raison: le doublage. Au doublage on a étonnement un casting de luxe avec Adeline Chetail qui joue la petite ami du héros et qui a fait la VF de beaucoup de personnages de films du Studio Ghibli en plus de faire beaucoup de voix pour les créations originales TFOU qui, si leurs qualités peuvent être T R È S variables, et d'être la voix originales d'Arc-en-ciel dans Yakari ou encore Amalia dans Wakfu. Pas une petite pointure donc. Mais la plus grande surprise reste quand même le ninja qui est doublé par nul autre que Stéphane Ronchewski que vous avez vu présenter les pubs pour le mobilier Gauthier, mais que vous connaissez surtout pour être la voix française d'Heath Ledger dans son rôle de Joker dans The Dark Knight de Christopher Nolan. Et là où il se débrouille plutôt bien dans un rôle dont on ne l'attendrait ABSOLUMENT PAS, la chose se complique lorsqu'on a une scène où il doit rapper la backstory de son personnage. Oui, vous avez bien entendu, vous avez le joker dans the dark knight qui fait une parti rappé de 2 minutes afin d'expliquer la backstory d'un personnage. Le film, je trouve, se perd entre la volonté d'être un film pour adulte avec ses scènes d'un humour noir et d'une vulgarité parfois poussé très loin, et d'être un film pour enfant à vouloir suivre une histoire simple et à faire des scènes assez clichés et bateaux. Le personnage du ninja a la capacité de changer de voix et d'apprendre la voix des gens qu'il entend, ce qui fait qu'il peut se faire passer pour n'importe qui rien qu'avec la voix, et qu'il va attirer beaucoup d'ennuis au personnage principale. Ces ennuies se résumeront souvent à le forcer à grandir et aller de l'avant, mais parfois pas de manière crédible et réaliste, du coup cela crée un décalage qui se résume en malaise profond. Cependant parfois on peut y voir presque une sorte de métaphore de l'enfant qui se cache derrière son jouet afin de devenir grand, et c'est très bien exploiter dans le film jusqu'à une scène finale part extrêmement loin dans son délire.


Après avoir tabasser un dealer de drogue à qui il a volé 1 000 grammes de cocaïnes, il va piéger le patron de la fabrique de peluche ninja en mettant le kilo de drogue dans sa peluche et en le mettant dans la valise du méchant afin qu'il soit coincé par la douane, chose qu'il réussit avec un bonus vu qu'il y avait du sang sur la peluche (le sang qu'on n'a pas vu au début du film lorsque le PDG a tabassé le Thaïlandais avec le bambou) ce qui a permis de l'incriminer pour meurtre. A la fin du film, t'as la famille qui déjeune, et t'as les infos en fond où l'on apprend que les vol à la tire sont de plus en plus fréquent. Le film part tellement loin dans son délire que le héros va pour sortir de table, s'habiller avec une écharpe à carreau et, inspiré par le courage de la peluche, va pour tabasser des criminel en pleine rue le soir, fin du film. C'est TOTALEMENT fuck up mais c'est assumé, donc ça passe bien. On regarde la chose avec un gros sourire parce que c'est totalement improbable, exagéré, et surréaliste, mais disons que c'est à l'image de tout le film: improbable, exagéré, surréaliste, mais vu qu'ils y croient et que c'est 1er degrés, ça marche.


Au final le film est une œuvre à part. Quelque chose de totalement improbable de créativité et de parti prix qui fonctionne car c'est pris au sérieux et parce qu'on a la volonté de te raconter une belle histoire. Il est maintenant dommage que le film slalome de trop entre l'adulte, l'ados dégueux, l'enfant un peu bas de plafond, et allant parfois dans des extrêmes qu'il est à deux doigts de subir, mais forte heureusement en restant assez stable sans réellement tomber dans la grossièreté et l'insulte. Il faut donner sa chance au film. C'est important d'aider ce genre de création à se développer, à évoluer, à s'améliorer, mais attention à ne pas voir ce film avec un public trop jeune. Je pense sincèrement que les jeunes enfants pouvant rire à toutes les vannes du films aurait besoin de se remettre en question.


13,75/20


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Youdidi
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le 18 juil. 2020

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