Mon père avait raison par Alligator

Regarder un film de Guitry joué par Guitry n'est pas une sinécure : faut se fader les "ahhhhhhhh, mon cher..." et les "ohhhhhh, mais...". L'acteur est théâtral. Son cinéma en pâtit indéniablement. Mais dès que l'on en a pris son parti, on peut alors apprécier un bien joli travail. D'écriture d'abord : Guitry est de ces auteurs qui font des mots, un Wilde français qui jette son dévolu sur les jolies femmes, sur les rapports amoureux, maritaux, adultérins. Sur ce film, la misogynie à moitié avouée apparait moins, ce sont comme l'indique le titre, les rapports père/fils qui sont abordés en primeur, plus ou moins finement d'ailleurs. La forme l'emporte sur le fond, comme trop souvent chez Guitry. C'est ce qu'on lui reproche en premier lieu. Ahhhhhhh non, j'oubliais, c'est impardonnable, ce qu'on lui reproche d'abord, c'est la facilité avec laquelle il a vécu l'époque trouble de la collaboration.
En somme, un film plus à écouter pour sa belle littérature, mais en fermant les oreilles sur le jeu pour le moins extraverti du maître. Ceux qui arrivent à pareille acrobatie sont priés de se faire connaître auprès des services vétérinaires, attention des expériences traumatisantes pourraient être pratiquées.