Apologie des mithomanes et de la sociopathie

Depuis déjà quelques années, les comédies sont un peu comme la vitrine du cinéma français; on en fait énormément, jusqu'à ne plus se soucier des oeuvres environnantes. Et c'est d'autant plus dommage que nos comédies ne sont que très rarement réellement bonnes; car il faut l'avouer, les métrages du niveau du Diner de cons se font rares. "Mon père ce héros" fait donc partie des mauvais films du genre, et je vais vous expliquer pourquoi.

Le soucis avec ce film, c'est que c'est un joyeux bordel; on essaie de faire des trucs plutôt couillus, de traiter de thèmes osés, voire même immoraux, mais pour bien se faire, il aurait fallu des scénaristes avec un minimum de talent. Voilà qu'ils ne font donc que balancer des idées à la va-vite, sans réelle gravité ni importance. Et c'est justement cela qui me gêne avec ce film : ce qu'ils font avec ce qu'ils ont, traiter du viol comme d'une chose normale, voire même banale.

Voyez-vous, je ne peux l'accepter; la fille se fait presque violer par un mec qui use de violence sur elle, et juste après, voilà que tout le monde s'en tape royalement, et que la vie suit son cours, comme si rien ne s'était passé. C'est assez scandaleux, en soit; sans compter le fait que la meuf est une mythomane de haute voltige, et que ça passe crème dans l'écriture, parce que "les ados sont tous comme ça".

En gros, c'est normal qu'une ado mente à une colonie de vacance toute entière, parce que justement, c'est ce que font les ados pour passer le temps, quand ils s'ennuient royalement. Mouarf. Je pensais pas être un mythomane, étant ado. Mais bon, chacun a sa vision des gens, ai-je envie de dire.

A la limite, les thèmes abordés auraient pu se révéler intéressant, si seulement ils avaient été traité avec talent, comme je l'ai dit plus haut; ici, c'est un foutoir monstre, une ignominie sans nom ni logique. En somme, c'est complètement foiré dans son écriture, autant que dans sa mise en scène.

Car oui, parlons en, de la réalisation du machin. Gérard Lauzier n'est pas un bon metteur en scène; son travail est banal, classique, sans réelles envolées lyriques; il aurait pu sublimer son film, tout comme il a laissé passer cette chance bénie. Tant pis pour lui, son taf n'a décidément rien de reluisant.

De plus, l'humour n'est jamais vraiment marquant; l'on peine réellement à se souvenir de quelques gags marquants, autant que la répartie peine à sortir la tête de l'eau. Pas de réelles répliques ne viendront se démarquer des autres, voire même apporter un brin d'originalité à des dialogues trop sérieux, voire même parfois niais.

Car il faut le dire, le traitement même du sujet du film se veut simple au point d'en devenir simplet, et banal au point d'en devenir niais; et c'est dommage, parce que l'on était en droit d'attendre un résultat autre que sirupeux pour une comédie avec Depardieu; mais c'était oublier que le bonhomme, nouvellement russe mais ivrogne de tout temps, a tourné dans bien des daubes. Sauf qu'il sauve le film; oui, le métrage repose entièrement sur son interprétation.

Parce qu'en y regardant de plus près, Mon père ce héros ne possède pas beaucoup d'arguments que l'on pourrait se mettre sous la dent, histoire de se rassasier d'un film hautement décevant. Pas terrible pour un sou, presque inintéressant, longuet et simplet, Mon père ce héros se révèle porté par un Depardieu convaincant, face à une actrice principale au charisme de moule, et plus lisse qu'un linge en soie. Les quelques bonnes vannes vous permettront surement de garder le sourire, avec ce problème si particulier qu'une fois le film terminé, il sera impossible de savoir s'en souvenir. Paradoxal.