Jodie Foster est une comédienne à la carrière exemplaire mais c'est aussi une trop rare réalisatrice qui, depuis le Complexe du Castor sorti en 2011 avec Mel Gibson, n'était passée derrière la caméra que pour s'amuser sur les tournages de House of Cards et Orange is the New Black. Aujourd'hui celle qui peut être fière d'avoir quatre Oscars sur sa cheminée revient avec un ambitieux thriller cruellement dans l'actualité : Money Monster.
Le long métrage raconte l'histoire d'un américain porté par Jack O'Connell qui a perdu tout son argent en boursicotant. Il a en réalité suivi les conseils de George Clooney, présentateur d'une émission de télévision mêlant divertissement et finance et qui conseille les plus riches dans leur placement. Ruiné, au bout du rouleau, O'Connell va débarquer sur le plateau télé, arme en main, et prendre Clooney en otage, le tout devant des milliers puis des millions de spectateurs. Julia Roberts, réalisatrice de l'émission, va, elle, continuer à faire son boulot, transformant la prise d'otage en émission live reprise par les télés du monde entiers et les réseaux sociaux.
Rajoutant une nouvelle corde à son arc, Jodie Foster montre qu'elle est capable de livrer un thriller nerveux qui prend son téléspectateur par la gorge pour ne plus le lacher. Sa mise en scène est soignée et aussi dynamique que pourrait l'être un film se déroulant aux trois quarts dans un studio de cinéma et elle montre qu'elle a l'art de la narration, tant il y avait moyen de s'éparpiller et d'utiliser de grosses fidèles pour venir à bout de l'histoire. La musique de Dominic Lewis, qui s'inspire des génériques de la télévision, est aussi efficace que possible. Mais, surtout, ce Money Monster est porté par un trio d'acteurs en feu, qui donne tout pour son sujet. Si Clooney a un peu de mal à faire le guignol face caméra (son émission, la fameuse "Money Monster" est introduite par une séquence où il danse entouré de choristes et il n'est pas très à l'aise), le reste n'est que talent.
Évidemment, Money Monster résonne fort avec l'actualité économique de ces derniers mois. Le film tacle ces émissions où la politique se mêle au divertissement et le coté rapace d'une certaine forme de journalisme prêt à tout pour faire de l'audience. Mais Money Monster dénonce surtout le capitalisme dans sa forme la plus dégoutante : celle où les riches deviennent vraiment très riches en s'en foutant des autres quand les pauvres n'ont plus rien. A une époque où on sent que le trait est de plus en plus marqué, que les écarts se creusent toujours un peu plus et quand l'envie de faire valser le système se fait sentir, on ne peut que se sentir touché et concerné par le message délivré.
Il y a quelque chose de peut-être trop hollywoodien dans la manière de chercher les rebondissements, dans le cliché final ou même dans l'envie de faire un grand final avec de l'action quand le film aurait totalement pu être un huis clos. Mais au delà, Money Monster est un vrai thriller prenant gonflé de talents.