Monty Python's BADANT circus !

Je me souviens. En 2002 je fais découvrir Monty Python, la vie de Bryan et Sacré Graal (enregistrés sur Arte) à une copine (Delphine, si tu me lit). Très enthousiaste, quelque mois plus tard, elle me dit que Le Sens de la Vie passe au cinéma (Nantes au début des années 2000 c'était fou ce qui pouvait se retrouver projeté.) Et j'étais sorti un peu mi-figue/mi-raisin devant ce film à sketch où les potards de l'absurde avaient été poussés au max au point que j'avais vraiment eu du mal à l'apprécier.

Je l'ai revu pour le montrer à ma copine et oui, ça reste quand même super inégal, mais l'age faisant, connaissant un peu mieux l'humour des Monty Python ou une fois la surprise passée, j'ai mieux apprécié le film au revisionnage. Ce qui est dingue c'est que si le fil rouge pouvait être vu comme un prétexte mais la question revient, souvent de façon absurde de temps à autre et il y a un effet de progression.

Les Monty Pythons eux-même se disent un peu désappointé par ce film qui fait un peu bizarre comparé aux deux autres. Et je pense que c'est pas tant que les sketchs sont inégaux (c'est un peu le cas) mais surtout que les variations d'humour ne collent pas entre elles : on passe d'un sketch a l'humour noir et absurde sur des mecs qui se font flinguer à la guerre, à un truc plutôt mignon où des militaires qui préfèrent aller au cinéma plutôt que de guerroyer, puis retour à de l'humour noir avec les guerres zoulous. Idem pour "The Logic Song" un truc tranquille qui apparait juste après l'une des séquences d'humour noire les plus dégueux du film.

Dès qu'il y a de l'humour un peu plus calme et plus bavard, notamment tout ce qui concerne le sens de la vie (la parlotte au restaurant, les banquiers, les serveurs qui racontent leur vie) j'ai été habitué à un tel déluge de gags peu de temps auparavant, que j'ai l'impression de trouver ça bien plus plat. Même les transitions entre les sketchs sont inégales : ça peut aller du génial (le gamin sur le stade de rugby qui devient un soldat pendant la guerre 14/18) au simple carton façon "and now something completely different."

Le film en soit possède ses fulgurances : le cours métrage, d'intro est génial (et un gros précurseur de Brazil) le "every sperm is sacred" me fait toujours mourir de rire et j'ai redécouvert certains sketchs un peu oublié, comme celui sur la guerre 14/18, l'absurde leçon d'éducation sexuelle (suivie par des gosses qui se font tataner par leur prof) ou les l'absurdité des gens face à la mort.

Il me fait revoir à la hausse l'une des qualités des Monty Python sous-estimée : leurs chansons sont très bonnes. Every Sperm is sacred est hilarant parce que ça part d'un gag graveleux qui fini en vrai numéro de comédie musicale avec des tonnes de comédiens qui font des roues (et un dragon chinois parce que pourquoi pas.) Mais Christmas in Heaven est totalement catchy aussi : je l'ai eu dans la tête pendant deux jours, mais le fait que le film la coupe à son point culminant doit pas mal jouer. (Oui, c'est un truc connu pour qu'une chanson reste dans la tête de quelqu'un, vous commencez à la jouer et puis vous vous arrêtez d'un coup, du coup, le cerveau de votre interlocuteur refait la suite, ce qui lui bloque la chanson.)

La blague c'est surtout que j'avais casé ce film afin de servir de pause après le visionnage de films plutôt noirs, et qu'au final, à y repenser... il est plutôt badant ce film. Déjà, c'est vraiment dégueux, et j'ai dit à ma copine de se dépêcher de manger devant le film parce que j'attendais la séquence avec Mr Creosote. Qui a le revoir est un condensé de ce que voulait dire La Grande Bouffe et amha, le message est plus pertinant. (Déso pas déso.)

Mais surtout, il la blague c'est qu'il parle vraiment du sens de la vie et en livre un constat nihiliste et assez triste sur l'absurdité de nos vies humaines. Il est remplit de trucs badants que ce soit le sketch avec les feuilles d'arbres qui se suicident, l'imagerie dégueux (le nouveau né qui tombe sur le sol de la cuisine, la transplantation cardiaque) quand elle n'est pas complètement dérangeante (à nouveau Creosote, mais aussi le passage sur "où se trouve le poisson" qui est tellement surréaliste qu'elle évoque un mauvais rêve (c'était le but.))

A vrai dire, tout le concentré de la noirceur du film se retrouve dans sa fin abrupte : on entame un chant joyeux sur le fait que c'est Noel tout les jours au Paradis et au moment où l'on va arriver sur le moment culminant, ça coupe direct, on nous donne trois ou quatres conseils banals sur le fait de bien vivre et on fini là dessus. L'ultime frustration. C'est la fin du film. La fin des Monty Python. La fin de la rigolade.