Ah! Ah! La bonne surprise! Absolument aucune idée de ce que ce film foutait sur mon disque dur. Je ne demande jamais à personne de foutre quoi que ce soit sur mon ordinateur ; je télécharge moi-même mes films ; et je suis assez mauvais dans ce domaine (celui du téléchargement je veux dire). Donc j'ai probablement télécharger ce truc bourré. Ou alors je vis dans la matrice et j'ai créé ce film avec mon esprit parce que j'avais très envie de voir un très bon truc de science-fiction. Ou alors mes souvenirs ne sont que les souvenirs d'un clone à mon image, des souvenirs dont on aurait retiré les films que j'ai vu pour que je puisse les revoir sans m'ennuyer ; je serais la reproduction d'un clone maintenant mort dont je serais la relève ; et dans ce cas ma seule indignation serait relative à l'obstination évidente dont font preuves mes créateurs pour reproduire encore et encore les mêmes défauts qui sont les miens.


Quoiqu'il en soit super film. vraiment! Je vais spoiler bien entendu, incapable que je suis de garder pour moi ce que je sais.


Bon bah le clone à durée de vie limitée que l'on remplace inlassablement pour qu'il continue encore et encore à surveiller les infrastructures d'une grande compagnie sur la face cachée de la lune... c'est le speech. Et bien sûr, voilà, c'est tout ça. « Quoi ? » me direz-vous. Bah, tout ça. Tous les trucs qui passent naturellement dans la tête devant une telle histoire mais qu'on identifie pas forcément clairement si on oublie de parler avec soi-même pour éclaircir ses idées. Mais bon ce qui en sort ça reste cliché : le fait que le travail au sein d'une multinationale fasse de l'homme une denrée remplaçable à qui on propose une sorte d'émancipation toute fabriquée sans aucune véritable réalisation dans le monde réel ; le fait que, malgré tout, l'espèce humaine soit irremplaçable (c'est quand même elle qui conçoit, qui fabrique, qui achète...) ; que ça n'empêche pas de négliger l'individu à la faveur des intérêts de l'entreprise (justement parce que l'individu, quelque soit sa tâche, est toujours remplaçable dans sa fonction individuelle (cf. Okja))... bref beaucoup de mots pour résumer la pensée cliché du stéréotype du capitaliste de base « l'être humain nous est indispensable ; l'individu par contre, il peut toujours aller se rhabiller! (Et je dis pas ça parce que les clones se réveillent toujours dans des blouses très moches) »


Mais non j'ai pas du toute envie de parler de tout ça. Je risquerais de passer pour un sale étudiant en fac de lettres en deuxième année à mi-temps qui milite le soir dans sa chambre avec une bière forte en écrivant des poèmes sur le faite que les médias et les multinationales c'est des bâtards. Non, ce que j'ai kiffé dans ce film - et ce dont je voulais parler - c'est l'écriture. Il est super bien écrit. Les dialogues, nickel. Ces deux personnages, qui sont les mêmes, qui dialoguent tout le long du film, simplement séparés par ce décalage de trois ans passés sur la Lune. L'un est tout neuf, l'autre a de la bouteille. L'un a la grosse patate, l'autre fatigue un peu. Et voilà, ils jouent au ping-pong. Bien cool! Drôle et fascinant.


Des trucs que j'ai kiffés :



  • Le premier dialogue entre les deux clones qui se découvrent, à base de : « c'est mes pantoufles ». Très drôle.

  • Ce dialogue qui cherche à continuer mais entrecoupé du bruit du punching ball. Ça fait bien monter la sauce. Et ça pose direct l'énergie du nouveau clone.

  • La scène de ping-pong

  • quand le vieux clone il veut parler de l'incinérateur que l'entreprise veut faire passer pour un vaisseau de secours, un des trucs les plus trash du film. Le vieux clone il dit « le vaisseau de secours c'est un... » et il s'endort. Juste, d'un point de vue de l'écriture, s'il avait dit sa phrase en entier ça aurait été un peu vulgaire. Appuyé par une petite musique montante, on aurait eu l'effet typique Punchline du cinéma sous cellophane. Non, là il s'endort en pleine scène, et se réveille, et passe à autre chose. Mais on comprend quand même qu'il a compris. On imagine même. « Suffit de fermer les yeux » comme qui dirait. Mais on comprend aussi qu'il est blasé. Bref, un silence très bien écrit.

  • Et la scène où il parle avec son double de souvenirs qu'ils ont en commun. J'avais jamais pensé à cette idée, de parler avec un double de moi de ce qui me concerne moi, pour peut-être revivre le souvenir, voir le repenser. Genre je sais pas, écrire des textes sur les films que je vois. Un truc dans le genre. Ça peut être une idée.

Vernon79
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le 3 oct. 2017

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