"Muriel" se présente d'abord comme l'un des films les plus lisses de Resnais (flirtant même avec le vide), par sa linéarité qui n'est rompue que par les allers-retours vers un passé évoqué par les discours des personnages hantés. Thème apparemment annexe d'un film parlant surtout du poids des souvenirs et de l'angoisse du temps qui passe, la nécessité de mémoire vis à vis des crimes de guerre fait néanmoins de "Muriel" un film essentiel dans l'histoire du cinéma français : Resnais nous signifie que la torture est au centre du processus de destruction de l'individu, mais aussi qu'elle n'est pas montrable et qu'il faut donc se hâter d'en porter témoignage sous peine de déni définitif (le choix du prénom Muriel, féminin et européen, ajoute à l'étrangeté, la torture ayant été appliquée en Algérie majoritairement à des hommes d'origine arabe). [Critique écrite en 1991]