Tout a commencé avec des jeux innocents, mais qui revêtaient une toute autre signification. La jeunesse enfermée, prisonnière de règles strictes paraissant si vides de sens aux yeux des enfants, perpétrés par des adultes à l’esprit étroit.
Les hommes bien sûr, qui tiennent à perpétrer leur pouvoir sur les femmes, mais ces dernières ne sont pas en reste, reproduisant sur leur progéniture leurs propres chaînes, seule monde qu’elles n’ont jamais connu. Esclaves malgré elles, croyant bien faire en cherchant à ce que leurs filles empruntent la seule voie qui leur ait permise, sous peine de subir l’opprobre populaire. N’oublions pas toutefois leur rôle pour tempérer la colère des hommes, si propice à se déverser sur les stades de foot.
Un féminisme souvent exploité d’ailleurs par les films du Moyen-Orient (« maintenant on va ou, « la source des femmes »), ou bien que soumises aux règles patriarcales, les femmes n’en témoignent pas moins d’inventivité et d’audace pour résoudre les problèmes. Comme lorsque les femmes provoquent une coupure de courant pour empêcher les hommes de voir un match de foot et leurs inhabituels supporters (ce qui n’est pas sans rappeler certaines scènes de « maintenant on va ou »).
La référence la plus évidente reste toutefois « Virgin Suicides », qui peut être vu comme son équivalent occidental, avec une autre famille conservatrice.


Pour se soustraire à la pression sociétale, les filles profitent encore de leurs dernières traces d’innocence, s’échappent par l’imagination, si forte à cet âge, entre simulation de baignade, déchirure de robes et escapade nocturne. Celle qui incarne le plus cette révolte, est la petite dernière, qui voit ses sœurs une à une subir un mariage imposé, et qui multiplie les provocations et les actes de rébellion, faisant passer la cadette de « moi, moche et méchant » pour une fille sage.
Il y a donc un peu d’humour, mais le sujet reste grave et c’est cette teneur qui domine.


Précisons pour la Turquie que l’histoire se passe dans une zone plutôt rurale, à l’inverse Istanbul apparaît comme la capitale fantasmée de la liberté, à laquelle se mêle un parfum d’inconnu et d’évasion.


Parmi ce que l’on pourrait reprocher, un côté convenu, avec des mariages forcées répétitifs, des transgressions dont on devine un mauvais issu, et certains événements qui ne semblent pas toujours très vraisemblables (« l’adultère » dans la voiture, l’ami chauffeur qui sauve la mise, ou encore la prof d’Istanbul sortie de nulle part…).


Malgré ces défauts, il s’agit d’une histoire forte à laquelle on ne peut rester indifférent, volonté d’une Turquie qui se veut progressiste, et les moments de légèreté apportés par la révolte des jeunes héroïnes sont plaisants.

Enlak
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le 22 mai 2016

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