My Architect
7.5
My Architect

Documentaire de Nathaniel Kahn (2004)

Le fils de l'architecte Louis Kahn part sur les traces de feu son géniteur, visitant ses constructions pour approcher cet homme qu'il connaît si peu.


Difficile exercice que le journal de bord. Dans le cas de My Architect le résultat est passionnant car réfléchi, la quête personnelle de l'auteur et l'oeuvre de Louis Kahn se nourrissant l'une l'autre. Si Nathaniel Kahn se met en avant, il se met également en danger à force de (se) poser des questions au fil de rencontres avec d'anciens collègues et amis de son célèbre paternel. Certains réprouvent ouvertement les méthodes de l'architecte, quand d'autres consolident malgré eux l'énigme qu'il représente en le décrivant comme obsédé par son travail. Un autre encore fond en larmes au moment de rencontrer le réalisateur, qui n'aura pas décliné son identité avant d'être face à ce proche de la famille. Volonté de ménager un moment d'émotion un peu prévisible, ou véritable désir du fils d'annoncer son existence de vive-voix ?


Sa démarche, l'apprenti cinéaste s'en explique régulièrement en commentaire, laissant à chacun le soin d'appréhender ses intentions comme le résultat. Par ce prisme, la découverte des travaux de Kahn n'a rien de scolaire ni d'élitiste. D'ailleurs, plusieurs scènes donnent l'envie irrépressible d'acheter un billet d'avion pour faire soi-même le voyage, en particulier le segment situé dans l'incroyable Salk Institute, lieu à la fois fascinant et cinégénique à souhait. Bien entendu, le clou du spectacle est aussi celui de la carrière de Louis Kahn, soit le bâtiment des Nations Unies qu'il supervisa à Dacca, au Bangladesh. Mêlant le contexte à sa quête personnelle, l'auteur tourne sa caméra vers les habitants avant de la river sur et à l'intérieur de cette construction imposante, évitant de ramener à sa seule personne tous les enjeux de son documentaire.


Ne pas se laisser embrouiller par son sujet atypique, My Architect se suit d'une traite, odyssée en mode mineur suffisamment ambitieuse pour excuser un ton parfois hésitant mais toujours soucieux d'éloquence.

Fritz_the_Cat
7
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le 6 sept. 2015

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