Myth of Man
Myth of Man

Film DTV (direct-to-video) de Jamin Winans (2024)

Si vous êtes de ceux qui peuvent passer des heures à fouiller les méandres du net à la recherche de pépites improbables et d’œuvres de genre en roue libre, parce que vous en avez soupé des vieux pots et des meilleures soupes qu'on vous sert à longueur de temps, si vous avez vous aussi cette insatiable soif d'"autre" et de différence qui vous pousse hors des sentiers battus, vous n'avez pas pu manquer les précédents films du réalisateur américain Jamin Winans. A savoir, respectivement : Ink (devenu culte dans la sphère escapiste) et The Frame.


Un cinéma artisanal, fauché, mais débordant d'amour. Amour de l'image, amour de la musique (Winans est également compositeur), amour des histoires et (surtout !) amour de l'être humain.

Un amour inconditionnel et dénué de calcul, expurgé de tout opportunisme, qu'on trouve cristallisé dans Myth of Man, sa dernière création, au terme de dix années de maturation et de sacrifices (ce ne sont pas tous les réalisateurs qui vendent leur maison pour financer leur film...).


Un conte initiatique steampunk d'une ambition folle : raconter sur deux heures une histoire sans paroles entièrement portée par le jeu de ses acteurs (remarquables) et par la bande originale, dans un univers foisonnant de détails et d'idées (symboliques autant que visuelles).


Un exercice de style, doublé d'un tour de force confinant au chef d'oeuvre. Myth of Man n'est pas pour tout le monde, c'est certain (son rythme laissera les impatients sur le côté, et son hermétisme - très relatif - également) mais il a ce qu'il faut de flamme pour plaire aux jeunes, aux vieux, aux hommes, aux femmes, quelle que soit la couleur de peau, quel que soit le langage parlé, indépendamment des cultures et des barrières.


Il nous réunit toutes et tous autour d'un feu de camp par une claire nuit d'été.


Film total, histoire de toutes les histoires, hommage magnifique au cinéma (muet, mais pas que), plaidoyer en faveur des voix singulières, le film ne ressemble à rien que vous ayez déjà vu. Il pourra évoquer un peu Mirrormask, ou Brazil, les films de Chaplin (forcément), Metropolis, Meliès, qu'il cite ouvertement et à dessein, mais il trace sa propre voie, rayonnante d'une naïveté jamais mièvre (à l'image de son héroïne) qu'il porte en étendard d'un monde plus sensé, plus rêveur et plus fraternel.


Ceux qui n'ont plus d'âme devront s'abstenir.


Les autres aimeront ou n'aimeront pas, question de sensibilité, mais au-delà des goûts et des couleurs, devront reconnaître que l’œuvre est unique et qu'elle est objectivement belle (autant qu'humainement faire se peut).


Autant de bonne raisons de lui donner sa chance, et d'en parler autour de soi la bouche en cœur.

Liehd
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le 21 juin 2025

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Liehd

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