Je suis né avec un vice de fabrication

Que penser de Narco, film se voulant atypique et qui, finalement, n'exploite pas à fond son potentiel loufoque? Car c'est bien de cela dont il s'agit. Les compères Aurouet et Lelouche avaient toutes les idées pour et malheureusement, l'impression dégagée est qu'ils se sont bridés, presque auto-censurés en cours de route, inexplicablement.

Le film commence pourtant sur de bons rails. Présentation de Gustave Klopp, le prototype de l'anti-héros, jeune dessinateur paumé complètement dépassé par sa pathologie. Et là, première idée géniale: cette maladie, c'est la narcolepsie. Une tare qui plonge Gustave dans un sommeil profond au moindre surplus émotionnel. D'autant que le personnage principal met à profit ses nombreux états léthargiques pour rêver à de véritables héros, cette fois, personnages tirés de son imagination foisonnante, nourrie par les films américains de série B dont son père est si friand. Le duo de réalisateurs entraîne alors le spectateur dans le cerveau de Gustave, tour à tour désert sablonneux propice aux guerres de tranchées ou espace intergalactique servant de champ de bataille. Dès le début du film, ces reconstitutions du grand bazar subconscient du héros accrochent et permettent une immersion totale dans son univers. D'où une certaine complicité qui s'instaure avec Gustave, puisqu'on devient les seuls capables de le comprendre.

Car notre ami Klopp ne vit pas en ermite asocial, comme sa condition susdite pourrait le laisser présager. Il habite avec son père, fan de Sinatra et dont la paresse s'apparente à un art de vivre. Il a même une femme, Pamela, qui tient à lui mais demeure trop pragmatique pour accepter une situation de plus en plus précaire, Gustave étant incapable de conserver un boulot à cause de sa maladie. Enfin, il y a le meilleur ami, Lenny Bar, sans doute le personnage le plus haut en couleurs du film. L'acteur belge offre une de ses performances burlesques dont il a le secret, véritable moteur comique du film, avec à la clé, la scène du cours de karaté, sadiquement poilante. Et avec ce sadisme, cet humour noir, cette auto dérision, il y avait matière à se lâcher présentement.

Cependant, hormis cette scène et quelques bonnes idées, le film ne parvient pas à atteindre les sphères comiques et délirantes qu'il tutoie pourtant à de nombreuses reprises. Même "la grosse surprise" du film s'avère au final d'une platitude totale.

Alors que retenir? Une narration limpide, malgré quelques flashbacks, ce qui a l'avantage de ne pas compliquer inutilement un scénario relativement simple et axé uniquement sur la vie de Gus. Une excellente prestation de Benoît Poelvoorde et un Guillaume Canet plutôt crédible dans ce rôle de paumé aux bois dormant. Mais surtout beaucoup de regrets, tant cette pellicule est passée près de l'œuvre unique et inclassable. "Narco" pouvait entrer au panthéon du grand cinéma français et se contente d'être une comédie honnête.
Lorelei3
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le 10 oct. 2011

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