Alors qu'il sort d'une maison de redressement, un voyou de quinze ans essaie de survivre de petits larcins avec comme mentor une prostituée bien plus âgée que lui. Mais c'est la rencontre avec une autre femme de la rue, plus jeune, qui va vouloir l'aider à retrouver le bon chemin. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure.
Avant toute chose, il faut saluer le travail de Artus films à réhabiliter ainsi le travail de Eloy de la Iglesia, cinéaste espagnol quasiment méconnu sous nos latitudes, mais dont la découverte de Cannibal mal ou du cinéma Quinqui ont fait forte impression. Navajaros fait partie de cette dernière catégorie, très en vogue en Espagne dans les années 1980, qui représente de jeunes voyous. Et il faut dire que le portrait qui est fait de la société est peu reluisante, entre le chômage qui explose et la violence à chaque coin de rue, pas facile de vivre après l'ère Franquiste qui avait fait tant de mal au pays.
Le film n'a rien d'aimable, avec cette crasse quasi-permanente, la violence exacerbée ou la nudité frontale affichée, aussi bien des femmes que celle du jeune homme, et où on trouve plusieurs références au cinéma américain, aussi bien Warriors que celle explicite sur Orange mécanique où une bande de voyous va se bagarrer sur fond de musique classique. Mais on sent le côté âpre du réalisateur, bien que les quelques plans diurnes sur les gratte-ciels ont un côté presque rassurant tant la noirceur semble envahir tout. Y compris dans le final qui est presque Faustien...
Il faut également parler de l'excellence du jeune José Luis Manzano, qui était alors âgé de 16 ans au moment du tournage, et qui fut un véritable voyou avant que de la Iglesia ne le prenne sous son aile durant quelques films, et qui disparaitra à seulement 28 ans des suites d'une overdose. Il est clairement l'âme sombre du film, mais sa rencontre avec les deux prostituées (incarnées par Isela Vargas et Verónica Castro) vont apparaitre comme des figures maternelles où il va révéler une autre facette plus douce de son humanité torturée.
Même si on sent que de la Iglesia veut aussi parler de son pays à travers ce jeune homme, surnommé El Jaro, le réalisateur livre quelque chose de fort mais également pessimiste par certains côtés sur ce que l'Espagne devient ou pourrait devenir en 1980.