En vrai, au départ, je pensais pas faire de critique de Ne Coupez Pas. La première fois que je l'ai vu, c'était à une Cinéxpérience de SensCritique et j'avais vite fait entendu parler du film. Quand j'ai vu pour la première fois Ne Coupez Pas, j'ai rigolé comme ça a rarement été le cas. Hurlant avec exaltation face à un humour ravageur qui fonctionnait à merveille sur moi. Ne Coupez Pas est très clairement un des films qui m'a le plus fait rire, et de par tout ses aspects.


Premièrement, le postulat de départ avait tout pour me plaire, une mise en abîme des plus foireuses où, pendant un tournage de film de zombi, l'équipe de tournage se transforme petit à petit en zombis... le tout en plan-séquence.


Et quand j'ai vu pour la première fois ce plan-séquence de trente-sept minutes qui ouvrait le film, je ne comprenais rien. Était-ce fait exprès, est-ce que le réalisateur voulait faire un vrai truc sérieux mais face à la catastrophe de son métrage, avait finalement décidé de présenter ça comme un nanar ? Une chose est sûre, ce plan-séquence rassemble toutes les erreurs qu'on peut faire dans le tournage d'un plan-séquence. Improvisation d'acteurs terrible, direction horrible, maquillage dégueulasse, travail sur le hors-champ des plus douteux, des faux-raccords, des incohérences, une caméra qui tombe par terre et qui reste fixe pendant trente secondes, des zooms complètement aléatoires et kitch, une lumière dégueulasse, des dialogues creux. Et face à ça, bah j'ai la même réaction qu'avec The Room, je hurle de rire tellement tout est raté.


Sauf que non ! A l'inverse de The Room, tout dans ce plan-séquence est une réussite. Car, et c'est ce que la seconde partie du film nous révèle, tout est voulu.


En fait, pendant la deuxième partie, on suit une équipe de tournage (fictive) qui s'apprête à tourner One Cut of the Dead, le fameux plan-séquence qu'on a vu plus tôt. Cette équipe de tournage se retrouve face à pas mal de soucis pendant la préparation et surtout, pendant le tournage. L'acteur qui joue le réalisateur dans le plan-séquence est absent et est finalement remplacé par le réalisateur lui-même, l'actrice qui joue la maquilleuse est remplacée par la femme du réalisateur qui ne peut pas s'empêcher d'improviser. Mais c'est surtout pendant le tournage du plan-séquence que tout part en vrille, un acteur qui a la diarrhée, un autre complètement bourré et un cameraman avec une scoliose. Et justement, tout le long de cette deuxième partie, le film arrive à justifier judicieusement toutes les erreurs du plan-séquence et remet totalement en question notre perception de celui-ci.


Et c'est pour ça que quand j'ai revu Ne Coupez Pas pour la deuxième fois, le film m'a paru encore plus génial. Parce que du coup, étant conscient du contexte du tournage du plan-séquence dans l'histoire, certains moments que l'on ne comprend pas au premier visionnage nous apparaissent logiques, et surtout marrants. Lorsque les personnages se mettent à parler de self-défense, on se demande la première fois si c'était vraiment prévu dans le script ou si ce n'est pas une improvisation. Or, et là, ça va être compliqué à raconter !


Dans le contexte de l'histoire, les personnage qui jouent dans le plan-séquence improvisent, or, les acteurs de l'ensemble du film doivent jouer l'improvisation : et ils le font incroyablement bien !


En fait, le film joue une mise en abîme, dans une mise en abîme avec finesse, remettant en question le rôle de chacun lors d'un tournage, surtout celui de réalisateur, tout en étant un moment de rigolade comme on en a rarement vu. Ne Coupez Pas est une pépite drôle, intelligente, superbement mis en scène et exécuté, le tout pour un petit film d'étudiant japonais tourné en huit jours. Bref, en ce qui me concerne, je m'engage à faire connaître ce film parce que bordel, il le mérite !

James-Betaman

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