Je découvre enfin le nouveau trip de mes Grolandais chéris, après mon coup de cœur incroyable pour le Grand Soir, ils se ramènent avec un plus petit film, plus discret, moins givré, moins rural, plus poétique et quelque part déprimant. Ça donne peut être pas envie à certains de savoir qu'on va pendant plus d'une heure vingt suivre un vieux bonhomme dans la montagne, mais moi ça me donne envie à 400% quand je vois qui est derrière le scénario et la caméra, et ici ce n'est autre que les modestes génies Gustave Kervern et Benoît Delépine.


Un vendredi 13, Paul, un employé professionnel, qui fait son travail sans rechigner, alors qu'il est devant sa télé peinard, sa famille rentre, et ça jacasse, ça jacasse, lui ne voulant pas rester au milieu de cette conversation surement déjà entendue des centaines de fois, revêt sa tenue rouge sponsorisé BIC de cycliste et son casque, sort son vélo du garage et part sur la route. Arrivé au pied d'une montagne, il quitte sa monture à pédales, jette son casque et s'enfonce dans la nature, il marche pendant des heures après avoir usé sa dernière clope, il visite la montagne, s'allonge dans la terre, communie avec la nature, regarde les fourmis, touche les rochers, et on comprend qu'il ne rentrera pas chez lui.
Pour utiliser un langage plus courant, Paul est victime d'un burnout, comme il le dit, c'est à cause du trop plein, du trop vide, il est arrivé au bout du chemin, se sent vide et sa vie de tous les jours, monotone et rarement passionnante n'aide pas, ressentir le vide, au point de vouloir en finir une bonne fois pour toute, comment c'est ? Quelle sensation ça procure de vivre une expérience de mort imminente ?


Near Death Experience s'éloigne du comique de leurs précédents films, il est plus sage, plus posé, et surtout beaucoup plus poétique et philosophique, c'est comme une réflexion sur la vie, est-il difficile de faire un film à petit budget tout en ayant de l'ambition ? Absolument pas, les cinéastes marginaux Grolandais nous le prouve, nullement besoin d’effets spéciaux, ou de grands acteurs, ni même d'acteurs tout court, car à par l’interprète de Paul on ne voit quasiment personne, ou alors très peu de temps. Et bien sur quand on pense à un dépressif, capable de se taper des montés en vélo, de se rouler dans la terre ou encore de s'accrocher à une façade en pierre, à qui pense t'on pour jouer ce rôle ? Faut croire que Benoit et Gustave ne pensent pas comme tout le monde et d'un coté tant mieux car ils ont fait appel à l'écrivain bien barré Michel Houellebecq.
Nous suivons donc ce dépressif philosophe à la tronche de paumé qu'est monsieur Houellebecq, quand on connait la folie du monsieur, il n'est pas étonnant de le voir gambader dans la montagne vêtu d'une tenue de cycliste, et le meilleur c'est qu'il est bon, foutrement bon si j'ose dire, je ne vois même pas qui aurait pu le remplacer après avoir vu le film.


En bref, j'ai une fois de plus adoré ce nouveau film des deux fabuleux zozos, leur style de réalisation est toujours aussi fort et unique, leurs nombreux plans séquences sont simples et impressionnants. leur talent scénaristique est toujours là lui aussi, peut être plus restreint au vu du sujet plus discret et de ces nombreux moments de vides (par là, rien de péjoratif, seulement les moments sans textes sont nombreux), mais leur talent est toujours là. La bande son de son coté est vraiment loin d'être dégueux également, entre musique classique magnifique et morceaux rock, elle envoie comme il faut, les décors sont quant à eux simplistes, c'est la nature, et quelle belle nature, les endroits sont vraiment bien choisis, ça fait du bien de ne voir pendant une heure et demi que des arbres, de la végétation, le ciel, les pierres, de plus le choix de la tenue rouge pour Michel est bien trouvé car il ressort complètement au milieu de cette verdure.
Voilà voilà, que dire de plus sur ce drame poétique qui n'oublie cependant pas d'être drôle, je ne dirais rien mais moi j'ai vraiment pris du bon temps devant ce film que j'attendais énormément, rien de moins étonnant quand il est servi par deux réalisateurs que j'adule.

-MC
9
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le 11 avr. 2015

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-MC

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