Nemuri Kyoshiro est un personnage pour le moins surprenant : un ronin cynique pour ne pas dire nihiliste. Il porte sur le monde un regard sombre et désabusé, ne possédant pas d’idéaux. Ce qui lui permet d'échapper à pas mal de traquenard ou manipulations étant toujours dans une analyse froide et clinique des situations ou des individus s'adressant à lui ; souvent pour lui demander d'accepter une mission. Dans ce premier épisode, beaucoup de personnes cherchent d'ailleurs à s'offrir ses services. Nemuri passe ainsi, un peu à la manière d'un Yolimbo, d'un clan à un autre, surtout par curiosité davantage que par intérêt.
Celà dit, l'influence la plus évidente semble être les films noirs américains (ou les romans les inspirant). Dans ce premier épisode, le scénario tourne autour d'un statuette à retrouver, variation du Faucon Maltais. Femme cachant son jeu, scénario à tiroirs et intriguants mystérieux viennent compléter ce tableau revu et corrigé à la sauce Jidei-geki avec ninja, shogun et prêtre bouddhique spécialiste des arts-martiaux chinois.
Le scénario est bien ficelé et l'histoire se suit avec intérêt même si les dialogues sont assez denses. De plus la mise en scène de Tokuzo Tanaka est beaucoup plus inspiré que d'habitude et ce dernier livre l'une de ses meilleures réalisations (pour ce que je connais de sa carrière). Le découpage est variée et le montage assez soutenu, aidant à créer une tension et à installer un climat permanent de suspicion à renfort de contre-plongée, décadrages et une habile utilisation de l'architecture des décors. Que ce soit en intérieur ou en extérieur, le scope est vraiment bien exploité, soutenue par une chouette photo, parfois très graphique comme une pièce baignant dans une lumière entièrement verte.


Les combats sont assez nombreux et plutôt bien fichu mais n'ont pas non plus l'intensité qu'on atteindra quelques années plus tard. Ca reste un film de 1963. Reste que les acteurs s'y investissent avec sérieux et on se prend bien au jeu. Le casting est à ce titre excellent avec un Raizo Ichikawa toujours aussi classe, épaulé par Tomisaburô Wakayama qui fait un adversaire charismatique appelé à revenir dans la saga.

anthonyplu
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le 22 juil. 2018

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