Henry Hathaway savait filmer le danger, mais avec Niagara (1953), il s’attaque à un péril bien plus redoutable qu’un hors-la-loi armé : un couple en crise en pleine carte postale. Tout est là : le brouillard romantique des chutes, les cabanes de lune de miel, la brume qui monte du torrent… et au milieu, Marilyn Monroe, aussi fatale que les rapides.
Le film est un mélodrame noir déguisé en carte postale. Hathaway utilise les chutes du Niagara comme un personnage à part entière : majestueuses, menaçantes, toujours prêtes à engloutir ceux qui s’y aventurent trop près. L’eau gronde en arrière-plan, comme un avertissement permanent du destin qui attend les personnages.
“La scène qui reste quand le film s’efface”
L’apparition de Marilyn à la soirée. Elle n’entre pas dans le film, elle l’envahit. Dans une robe moulante couleur framboise, elle électrise chaque plan, et son décolleté est si abyssal qu’on en voit presque ses chevilles. Son simple déhanché a plus d’impact que la plus grande cascade du monde. À côté, son mari, joué par Joseph Cotten, est déjà noyé avant même de tomber à l’eau.
Niagara, c’est du film noir en Technicolor, un thriller amoureux où l’on contemple autant les paysages naturels que les courbes de Marilyn. Un rêve américain trempé dans le cauchemar conjugal. Et une leçon précieuse : si votre couple se noie, évitez les voyages aux chutes du Niagara. Ça finit toujours mal.