Quand le Road Trip halluciné se fait satire sociale mordante...

Enfin. Des semaines d'attentes pour pouvoir voir ce qui s'annonçait comme l'un des meilleurs films de cette fin d'année. A moi les salles obscures ! A moi la virée hallucinatoire dans Los Angeles !

Surprise et déception minime !
Que nenni ! On est loin de tout ça !
Certes la séquences d'ouverture nous montre grandiosement un L.A. que l'on connait tous, le tout sur la guitare déraillée mais tellement californienne d'un James Newton Howard qui livre ici une bande originale formidable, dérangeante par sa capacité à susciter les sentiments contraires à ceux de la scène diffusée.
Mais le tout dérive vite dans un registre bien plus acerbe et décalé.
Le tout grâce à la performance d'un Jake Gyllenhaal tout bonnement brillant. Métamorphosé physiquement (perte véritable de poids et de muscles, nouvelle coupe de cheveux) il livre ici une prestation hors norme de son personnage. Il apporte une dose d'hypocrisie et de folie à cet énergumène qui traîne son look débraillé et sa dégaine d'autiste dans les rues lumineuses d'Hollywood. Son jeu subtil permet une oscillation parfaite entre débilité profonde, hypocrisie et caractère démoniaque... On se demande en permanence : "ce type est-il naïf et simplement idiot ? Ou alors démoniaque et terriblement malsain ?"

Mais encore plus malsain est le scénario. Solidement construit chronologiquement il transforme vite un film aux allures faciles en critique de la société d'image américaine. Et soulève de ce fait une multitude de question sociétales...
Le film choque par cette réalité poussée à son paroxysme, par ce portrait déroutant qui est dressé d'une société d'images et de médias qui repousse les limites de la morale et utilise la douleur des gens (qui semblent être transformés en produits) comme argument d'audience.

On suit Lou dans cette quête sadique. Le réalisateur choisit de ne nous montrer que son personnage principal et de ne jamais expliciter les scènes filmées : tout nous est montré derrière un écran (que ce soit celui de sa caméra, des studios de télé ou de la télé elle même). On regrettera donc que la caméra reste figée sur son personnage et et jamais ne nous dévoile les décors sublimes, enlevant une part certaine d'esthétisme et de contemplation au film.
Outre les images terribles d'accidents ou de meurtres qui nous sont montrées, le plus choquant reste le marché qui se fait dessus et la réaction des protagonistes (à l'image du couple malsain que forme le héros avec la productrice télé).

Le tout est corrosif, malsain et déroutant, à l'image de final cynique qui repousse les limites de l'humour noir...
Une grande réussite en cette fin d'année
Charles Dubois

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