"Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule."

Une poignée de minutes suffisent à Dan Gilroy pour nous introduire le personnage de Louis Bloom, jeune homme vivant de menus larcins, et nous faire comprendre à qui nous avons à faire : un être de peu de moral avec beaucoup de bagou et surtout prêt à tout. Le hasard va le pousser vers la profession de journaliste freelance, traquant dans tout Los Angeles des images chocs pour les revendre aux chaînes d'information. Louis est campé par un Jake Gyllenhaal au visage émacié, totalement habité et malsain, qui arpente la ville tel un prédateur.
Gyllenhaal gère vraiment bien sa carrière, enchaînant depuis plusieurs années les choix de films judicieux : Zodiac, Prisoners, Enemy (on passera sous silence Prince of Persia) et maintenant ce Night Call qui confirme tout le bien qu'on pouvait penser de lui et achève d'en faire l'un des acteurs les plus brillants de sa génération.
Il est épaulé ici par de solides vétérans comme Rene Russo et Bill Paxton qui parviennent sans mal à donner l'épaisseur nécessaire à leurs personnages secondaires.


Dan Gilroy, dont il s'agit du premier effort derrière la caméra, impressionne par la gestion de la progression de son récit et par de nombreuses séquences tendues comme un string(er... désolé j'étais obligé de la faire), distillant un suspense très efficace. Le film ménage malgré tout quelques passages amusants, souvent liés aux décallages provoqués par les traits sociopathes du personnage principal, notamment lors de certaines discussions avec son assistant.
En filmant l'essentiel du métrage de nuit, le réalisateur s'en donne à cœur joie dans l'utilisation des sources de lumière émanant des différents éclairages nocturnes (lampadaires, vitrines des magasins, néons, feux de signalisation, gyrophares...) ce qui donne au film une véritable personnalité. Je n'avais pas été autant emballé par la représentation d'une métropole la nuit depuis le Collateral de Michael Mann (dont l'action se passait d'ailleurs aussi à Los Angeles).


Le discours sur la perte des médias dans une quête perpétuelle du sensationnel et du sordide, et dans une surenchère permanente pour écraser la concurrence dans la course effrénée à l'audience est bien présent mais pas lourdingue. L'intérêt majeur du film réside plutôt dans la trajectoire personnelle de son antihéros, monstre d'opportunisme ayant poussé ses déviances jusqu'à aboutir à une forme d'art (Il faut le voir arranger à son goût les scènes de crime pour obtenir de meilleurs plans !) lui permettant de se hisser au sommet de sa "profession". Lou est une sorte de self made man, incarnation pathétique et perverse du rêve américain, à qui l'amoralité restera toujours profitable.

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