La vie devant soi

"Monsieur, vous avez un cancer" annonce cliniquement le médecin tout en regardant l'écran de son ordi. Devant la détresse hébétée de Nino (Théodore Pellerin, très présent, doux et discret ), son patient, elle se veut empathique mais s'embrouille dans des explications avec des termes si compliqués qu'il se sent encore plus malade. Comme si cancer ne suffisait pas! Un mot qui, malgré tout, évoque au moins incertitude, inquiétude, voire avenir sombre, déchéance, peut être, et même mort. Lui, Nino, est encore bien jeune et il trouve que ce n'est pas juste. Mais lorsqu'il sort de l'hôpital, resurgit la ville, la circulation infernale , les lumières, les gens qui courent, les travaux qui font du bruit, le mètro...bref Paris quoi. Et le paradoxe, c'est que le monde vient de s'effondrer sous ses pieds, il est comme un boxeur sonné mais , pour l'instant, ben, la vie continue comme avant.

Comble de malchance, il a perdu ses clés et ne peut donc pas rentrer chez lui. C'est vendredi et la chimio commence dès lundi. On va donc le suivre pendant le weekend dans ses errances. On pense bien sûr à ce magnifique film Cléo de 5 à 7 avec la charmante Corinne Marchand.

Il va tout naturellement trouver refuge chez sa maman, Jeanne Balibar délicieusement perchée. Mais il a du mal à lui dire le diagnostic, comme à ses amis d'ailleurs. Ce sont tous des trentenaires comme lui, plus animés par la fête, les soirées, les rencontres, un peu de parentalité chaotique mais toujours tournés du côté de la vie. Alors que lui, on lui propose de congeler ses spermatozoïdes pour... plus tard. Pas très romantique tout ça bien sûr.

Ce film de Pauline Loquès est une chronique très juste, sans pathos , du surgissement de l'impensable dans le déroulement d'une vie.

Et l'importance régénérante de l'entourage dans ces moments là.

Le jeune comédien québécois est parfait , présent dans chaque plan mais d'une grande retenue qui force notre empathie.

Alors vive le cinémâââ , toujours, bien sûr et vive la vie, tiens, pour le même prix🥂