Nino
7.1
Nino

Film de Pauline Loquès (2025)

« Juste la fin d’un monde »

Alors qu’il ne voulait que renouveler un certificat médical, Nino apprend qu’il est atteint d’un cancer de la gorge. Dans trois jours, les traitements commenceront. Comment surmonter le choc ? Comment l’annoncer à ses proches ?


Le diagnostic est brutal, maladroit. Travaux, grève du personnel, et un rendez-vous manqué dérèglent l’hôpital. Le jargon stérile de la médecin assistante n’apaise rien. Le mot n’est jamais prononcé et Nino peine à comprendre. Cette petite toux de rien du tout s’avère bien plus grave. Demain, il n’aura pourtant que 29 ans. Ah, il lui faudra aussi prélever un peu de sperme s’il souhaite avoir des enfants plus tard. Et encore trouver quelqu’un pour l’accompagner lundi. Un soutien, ça peut aider…


Le programme est lancé, réveillant les figures imposées : la famille, l’ex, les copains, les amours, les emmerdes. Car, comme si cela ne suffisait pas, Nino a perdu ses clés. Empêché de rentrer au bercail, le voilà contraint de partir à la rencontre des autres qu’il aurait préféré ne pas voir. Alors qu’on croit avoir tout saisi, Pauline Loquès, pour son premier film, nous cueille par sa subtilité et une touche de fantaisie.


Une mère sobrement perchée – Jeanne Balibar, bien sûr – qui imagine une transition. Un meilleur ami en quête de légèreté. Un substitut de père, amoureux de Romy Schneider – tiens, Mathieu Amalric fait une apparition, sèche-cheveux à la main. Un concierge tombé à terre. Et cette camarade de classe oubliée, qui, en trois phrases, lui permet enfin de libérer les « maux » de sa bouche tuméfiée.


Collée au corps et au visage doux de Théodore Pellerin – qui dérivait au Sud chez Lionel Baier –, la caméra capte son embarras, son errance dans Paris, ses doutes, sa peur. Pas d’apitoiement mélodramatique pour ce personnage en suspens, mais des plans courts qui rythment les scènes. Il y a des sourires, du plaisir échangé à travers un babyphone, et des larmes, quand on prend le temps de se regarder en face. En vérité, le cancer, ce n’est pas la fin du monde. C’est juste la fin d’un monde…


(7.5/10)

@cinefilik.bsky.social

cinefilik.wordpress.com

CineFiliK
8
Écrit par

Créée

le 16 nov. 2025

Critique lue 2 fois

CineFiliK

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Nino

Nino
Cineratu
10

Ni oui, ni non

Alors qu’il consulte simplement pour un mal de gorge, Nino apprend qu’il a… un cancer. Le choc est brutal, aussitôt suivi par la mécanique des rendez-vous et démarches médicales. Avant de commencer...

le 3 juin 2025

14 j'aime

Nino
LucienBourdon
7

Nino de 5 à 7

À l’orée de ses trente ans, Nino fait face à l’annonce brutale d’un cancer de la gorge. Pauline Loquès, pour son premier long métrage, choisit de saisir non pas l’intégralité du combat, mais cet...

le 15 sept. 2025

9 j'aime

Nino
Iloonoyeil
8

Un jeune homme ausculté

Pauline Loquès mène à bien , avec brio, son premier long métrage sensible, précis et touchant. Elle ausculte la vie de Nino sur quelques jours après qu’ il ait reçu une nouvelle très perturbante...

le 4 oct. 2025

6 j'aime

3

Du même critique

Dans la brume
CineFiliK
5

“Sur les toits de Paris”

Mathieu vient tout juste de retrouver Anna, son ex-femme, et Sarah, leur enfant-bulle, quand un tremblement de terre secoue Paris. Une brume menaçante envahit la capitale. Comment survivre ? Colère...

le 7 avr. 2018

10 j'aime

6

Compétition officielle
CineFiliK
7

“Le bal des acteurs”

Désirant marquer l’histoire à la hauteur de ses moyens, un millionnaire décide de financer un film. Il engage Lola Cuevas, cinéaste en vogue, qui réunit pour la première fois sur un plateau Felix...

le 23 mai 2022

9 j'aime

Les Dents, pipi et au lit !
CineFiliK
4

“Les femmes et les enfants ensuite”

La vie pour Antoine, le célibataire, c’est du champagne à gogo, des bombances jusqu’au matin et un défilé de filles en chambre. Mais quand son colocataire le quitte pour New York, laissant sa place à...

le 23 mars 2018

9 j'aime

2