Il y a ce moment, quand on a vu un très grand film, où il est impossible de détacher ses yeux de l'écran, même une fois le générique terminé. Il y a des films dont on ne se relève pas. No Country for Old Men est un chef d'œuvre. La violence est crue. Les intérieurs simples. La mort, implacable. Il y a des airs de tragédie grecque : ce qui doit arriver, arrive, et tant pis pour les quelques uns qui voient le destin. Le destin est un colosse, les yeux vides, les cheveux noirs en coupe au bol. Javier Bardem crève l'écran, dans un rôle absolument terrifiant, constituant un des meilleurs antagonistes qu'il m'a été donné de voir au cinéma. Ici, il n'y a ni climax, ni catharsis. L'argent et la drogue circulent, sans qu'on en veuille vraiment. On meurt en hors-champ. Mais d'abord on a peur, on sait ce qui arrive : une serrure qui saute, une détonation, ainsi va la vie. N'espérez pas gagner : this country is hard for people.