Noé
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Noé

Film de Darren Aronofsky (2014)

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Darren Aronofsky est un cinéaste passionnant, un de ceux que j'apprécie et que j'admire le plus, qui livre à chaque fois des œuvres magistrales qui ne peuvent laisser indifférent et son plus mauvais film selon moi est son premier Pi qui reste néanmoins un très bon film. Ce qui prouve que c'est un artiste avec un haut niveau d’exigence qui a livré du très bon ( Pi ), de l'excellent ( The Wrestler ) et trois bijoux inclassable qui son maintenant devenu culte ( Requiem for a Dream, The Fountain qui est l'un de mes films préférés et Black Swan ). Il ne m'a jamais déçu mais le voir au commande d'un blockbuster de 130 millions de dollars me faisait craindre le pire car cela signifiait plus de pression de la part des producteurs et je craignait qu' Aronofsky sacrifie sa vision d'auteur sur l'autel du grand spectacle. Pourtant ce projet lui tenais particulièrement à cœur car il eu l'idée de ce film avant même de lancer sa carrière cinématographique et je suis heureux de constater qu'il n'a absolument rien lâcher aux producteurs. C'est un pur film Aronofskynien ou celui-ci continue détendre et de traiter sa fascination pour les obsessions et il brode tout en nuance et en subtilité le portrait de l'obsessionnel originel. Noé est donc dans la tradition des héros d'Aronofsky, un homme qui va perdre tous jugements à cause de son obsession au point de sombrer dans la folie mais ce traitement de l'histoire devra ce faire au détour de la Bible dont elle s'inspire de prime abord. Il n'est pas question ici d'une adaptation pure et simple de la Bible mais bien de la réappropriation et la réinterprétation de la genèse par le cinéaste donc de nombreuses libertés sont faites par rapport au texte original. Etant Athée cela ne m'a poser aucun problème ce qui ne doit pas être le cas pour tous le monde mais je trouve que le film fait preuve d'audace et d'inventivité dans sa représentation de l'Eden ainsi que dans l'intégration du Darwinisme dans la création et de ne jamais dire le mot Dieu préférant l’appeler le Créateur . D'ailleurs d'un point de vue visuel l'Eden et les Veilleurs ont des designs volontairement kitsch et cartoonesques, ce qui pourrait dérouter mais que j'ai trouver du plus bel effet. Mais le reproche que j'aurais à faire sur le visuel ce sont les trop nombreuses similitudes entre ce film et The Fountain comme avec le Big Bang qui renvoi à la destruction de l'étoile Shibalba et les fleurs qui poussent instantanément de la même façon dans les deux films comme si Aronofsky après les avoir déjà exploiter manquait d'idées pour les réinventer. C'est un des rares défauts du film et le seul d'ordre visuel. Un autre défaut viendra de quelques longueurs notamment dans le première acte du film qui souffre d'un manque d'enjeux. Le deuxième acte en sera plus intéressant car il exposera de façon rapide la construction de l'Arche ainsi que la rivalité avec les descendants de Cain. Le scénario traite cette partie de façon intéressante évitant autant que possible le manichéisme en rendant son antagoniste terriblement humain et il est très facile de s'identifier à sa cause. D'ailleurs exposé le monde de façon industrialisé permet de faire un parallèle judicieux avec notre propre société et pose un constat juste et terrifiant de la condition humaine. Mais la véritable bonne idée du film c'est d'avoir porté son troisième acte dans un huit-clos oppressant qui pousse le héros dans son obsession, au bord de la folie ou celui-ci en totale perte de ses repère deviendra la proie de ses démons intérieurs devenant un figure cruelle et terrifiante. Aronofsky ne fait donc aucune concessions sur la noirceur qui le caractérise même si divertissement grand publique oblige il sera plus enclin à l'espoir et à la rédemption lors de son épilogue mais ce film s'inscrit néanmoins parfaitement dans son oeuvre, ce qui pourra en déstabilisé plus d'un qui ne seront pas préparer à être devant un film aussi noir et exigeant. Coté casting la fausse note viendra de Douglas Booth qui est totalement transparent et qui ne s'imposera jamais tandis que les autres sont tous très bon que ce soit Anthony Hopkins, Ray Winstone, Logan Lerman ou encore Jennifer Connelly. Les deux grandes performances sont pour Emma Watson, qui est bouleversante et totalement juste dans un rôle pourtant compliqué, et pour Russell Crowe qui irradie l'écran grâce à son charisme animal et par la puissance de son jeu tout en nuance, il est le Noé parfait. La réalisation est sublime avec une photographie magnifique ainsi qu'une musique puissante et ténébreuse signé du grand Clint Mansell mais la prouesse viendra de la mise en scène virtuose de Darren Aronfsky qui filme des paysages magnifiques et qui livre des scènes ahurissantes de maîtrise et d'inventivité comme l'apparition de la forêt ainsi que la création du monde, sans parler de scènes épiques qui mon fait frissonner comme l'arriver des animaux dans l'Arche ou encore la scène de bataille et du Déluge. En plus il ne cède jamais sur sa vision d'auteur gratifiant le film de passages d'une noirceur hypnotique ( les visions ) ainsi que des scènes d'une rare brutalité autant psychologique que physique ( le troisième acte et la visite dans le village des hommes ). En conclusion Noé est un excellent film qui prouve, si il est encore nécessaire de le prouver, que Darren Aronofsky est un génie qui continue à étendre son oeuvre et qui ici tente de toucher un publique plus large. Cela en fait donc une oeuvre imparfaite car il simplifie son propos par rapport à ses précédant films mais l'ensemble reste pour autant fascinant parce qu'il prend le risque de ne pas plaire et de diviser ( le film divise grandement d'ailleurs ). Il fait preuve de beaucoup de courage et d'obstination comme son personnage principal, livrant un péplum épique tirant beaucoup sur l'héroic-fantasy plutôt que sur le récit biblique, une oeuvre intelligente et divertissante qui me conforte dans mon adoration du style de son auteur et qui me fait dire que malgré ses détracteurs Aronofsky à encore de grandes prouesses à nous offrir.
Frédéric_Perrinot
8

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Créée

le 8 août 2014

Critique lue 422 fois

5 j'aime

Flaw 70

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5

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