Effectuer un road trip dans l’immensité des étendues sauvages Américaines est souvent lié à une exploration touristique. Pourtant, il est de ceux qui n’ont d’autres choix que de tailler la route pour aller de petits boulots précaires à des travaux saisonniers. Bien entendu, vacanciers et travailleurs profitent tous deux des magnifiques paysages aux couleurs à couper le souffle. Cependant, les touristes seront des tâches hautes en couleurs et souvent bruyantes alors que nos travailleurs de l’ombre s’apparenterons plus à des fantômes d’une conquête de l’Ouest devenue conquête de travail partout sur le territoire.
Ils passent le long des routes et vivent dans leur Vans aménagés, loin des quartiers huppés et des cités dortoirs.
Avec « Nomadland », Chloé Zhao prouve une fois de plus qu’elle connait bien l’Amérique profonde. Pas celle des caricatures, non ; celle d’un esprit d’exploration, de courage, de partage et de liberté.
Les laissés pour compte devenus, bon gré mal grés, nomades, se croisent, font du troc, échangent des bons plans et font un pied de nez à l’American Dream, même s’ils doivent travailler durement pour obtenir quelques dollars.
Bercé par les superbes compositions de Ludovico Einaudi, charmé par la beauté formelle des images de Joshua James Richards et totalement convaincu par la réalisation et le souci d’authenticité de Chloé, nous ne pouvons que savourer ce road movie atmosphérique et poignant.
Nous suivons les péripéties de France McDormand qui campe superbement une anti-héroïne très digne malgré sa situation instable, libre, déterminée et résolument courageuse.
On pouvait s’attendre à une vie solitaire et désemparée, on découvre un groupe en marge, très conscient et terre à terre, on savoure de la douceur entre les douleurs.
Contemplation, rires et larmes sont au programme, comme lors d’une soirée intense autour d’un feu de camp où l’on découvre de magnifiques leçons de vie.