Support: 4K Bluray UltraHD


Si As Tears Go By démontrait d’une recherche de sens pour Wong Kar-Wai, Nos Années Sauvages, deuxième long du cinéaste, entérine déjà le style du Hong-Kongais et livre les prémices du reste de sa carrière. Car déjà ici, l’épure des dispositifs techniques et narratifs est manifeste, concentrant toute l’attention du réalisateur sur une esthétique, une atmosphère, une mélancolie.


Nos Années Sauvages est une histoire du temps : celui qui s’accélère et ralentit au rythme de l’émotion, celui qui efface les instants éphémères d’une vie autant qu’il en marque les éternels, celui qui signifie les rencontres et creuse les séparations. C’est le temps, toujours compté, qui motive les personnages dans leur errance générationnelle.


L’oiseau sans pattes qui ne peut pas se poser, dans une course perpétuelle contre la sclérose d’une vie monotone, toute tracée par le conglomérat des destinées de la mégalopole. Une course qui ne peut qu’aboutir à l’épuisement, alors même que c’est la chronologie qui est remontée pour arriver aux origines. Le temps lui est compté.


La figure maternelle achète ses relations, entre un fils issu du marché noir philippin et un compagnon gigolo. Des liens fragiles, pour pallier la solitude de cette ville surpeuplée, que le temps va irrémédiablement rompre. Le temps lui est compté.


Des relations vouées à l’échec, alors que les rapports amoureux sont inégaux, l’homme refusant de s’attacher. Les moments heureux sont vite balayés pour laisser place à la détestation de l’impossible. Le compte à rebours est enclenché dès l’initiation de la romance, le temps leur est compté.


Un policier aux ambitions marines frustrées par l’attente d’un changement, d’une variation dans cette rythmique plate qui l’oblige à battre le pavé, errant dans un blues pluvieux. Lui, compte les heures.


Et le spectateur, dans tout ça, regarde ces personnages glisser sur la frise, alors que les couleurs viennent sublimer le spleen, que les rares moments de joie se font dans l’intimité d’un plan rapproché, que le cadre vient les isoler le reste du temps.


Nos Années Sauvages ne se raconte pas mais se vit, comme suspendu dans le moment, appelant au sens dans le sensoriel.


Créée

le 17 janv. 2025

Critique lue 5 fois

Frakkazak

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Nos années sauvages

Nos années sauvages
Jambalaya
9

Ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

Tout ou presque a été dit sur Wong Kar-wai, sur son cinéma tellement inspiré et inspirant, sur cette lenteur fascinante qui sait susciter l’émoi de qui veut bien s’abandonner à sa caméra. En temps...

le 21 janv. 2014

38 j'aime

8

Nos années sauvages
Docteur_Jivago
7

Le Péril Jeune

Si ma découverte de Wong Kar-Wai est récente, il m'aura assez vite marqué, notamment grâce à Les Anges Déchus mais surtout In The Mood For Love et, à l'heure d'aborder son second film Nos Années...

le 3 août 2017

29 j'aime

2

Nos années sauvages
Gand-Alf
5

Les corps impatients.

Deux ans après des débuts remarqués avec "As tears go by", Wong Kar-Wai prend le public à contre-sens, délaissant la frénésie presque adolescente de son premier film pour une évocation désenchantée...

le 18 nov. 2013

28 j'aime

Du même critique

KPop Demon Hunters
Frakkazak
4

Into the Consumerverse

Je dois admettre qu’au vu de l’affiche et du titre, il y avait peu de chances pour que je sois le public. Mais à y regarder de plus près, à y voir Sony Pictures Animation et des premiers retours...

le 26 juin 2025

38 j'aime

8

Assassin's Creed: Mirage
Frakkazak
4

Mi-rage, mi-désespoir, pleine vieillesse et ennui

Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...

le 10 oct. 2023

22 j'aime

2

Captain America: Brave New World
Frakkazak
2

Mou, Moche et Puant

Il était couru d’avance que Brave New World serait une daube. De par la superhero fatigue qu’a instauré la firme de Mickey par l’amoncellement de produits formaté sur les dix-sept dernières années...

le 10 mars 2025

20 j'aime

7