Je n'ai vu qu'une fois le film de Murnau, mais dès l'abord, les similitudes frappent. Et c'est tout le problème de ce film, qui donne l'impression d'être prisonnier de son prédécesseur.
Sur le papier, que de bonnes idées : Adjani en Lucy, Bruno Ganz en Jonathan Harker, Kinsky en Dracula. Pourtant, on a l'impression que tous ces excellents acteurs sont prisonniers de la plastique du film, qu'ils n'osent pas sortir de l'apparence que doit donner leur personnage. La palme du jeu le plus pourri revient probablement au notaire qui dit "der Meister ist hier". Mais Adjani n'est pas non plus très crédible, alors qu'elle a le physique qui colle parfaitement au rôle. Etrange. A partir du moment où elle est confrontée à Dracula, cependant, son jeu gagne en intensité et quelque chose se passe. Mais même Kinsky, caché derrière son maquillage, m'a semblé prisonnier de son rôle.
L'usage de la musique est probablement ce qui me perturbe le plus. Je ne comprends pas l'intérêt d'utiliser des ouvertures de Wagner de manière aussi légère, décontractée.
Une scène où une calèche suit une route entre deux étangs : le reflet dans les eaux sombres rappelle Jean Epstein.
Deux ans avant "Les aventuriers de l'arche perdue", un film qui fait la part belle à nos amis muridés. Que de rats !
Herzog hésite entre son style caméra portée et ses plans larges plus classiques, mais si les captures d'écran sont objectivement belles, le film ne semble pas habité par ses personnages.
Je pense que cela vient tout simplement d'une faiblesse d'Herzog : il est trop détaché pour être un cinéaste de l'horreur. Ses tentatives de faire sursauter le spectateur ne marchent pas, ont quelque chose de désuet et d'obsolète.