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Ça commence par une clope. Forcément. Une clope mal tenue, mal filmée — exprès. Le plan tremble, Zoey Deutch rit trop fort, et Guillaume Marbeck, qui joue Godard sans vraiment y croire, ajuste ses lunettes comme on se cache derrière un rôle. On dirait un film qui rejoue sa propre naissance. Oui, Nouvelle Vague parle de À bout de souffle, mais c’est surtout À bout de souffle qui s’y rejoue lui-même, comme un souvenir qui refuse de mourir. Je ne sais pas si Linklater s’amuse ou s’excuse. Le film transpire la fascination et la maladresse. Il recompose Paris 1960 dans une lumière d’écran vert un peu pâle, un peu malade. On sent presque l’odeur du faux cuir sur les banquettes du Café de Flore, le froid du carrelage sous les talons de Zoey, la poussière de pellicule numérique dans l’air. Le cinéma qui parle du cinéma, oui, mais ici, c’est le cinéma qui bégaie, qui cherche son souffle. Certains diront que c’est trop poseur. Moi, j’y ai vu une lettre d’amour un peu sale. Un hommage qui tremble, comme une photo mal développée. Adrien Rouyard, en Truffaut nerveux, dévore chaque réplique. Antoine Besson cabotine, volontairement, en Chabrol goguenard. Et Jodie Ruth-Forest — Suzanne Schiffman — c’est peut-être elle, la clé : l’ombre silencieuse derrière les hommes qui bavardent. Le film est à elle sans qu’il le sache. Techniquement, c’est Linklater qui fait du Linklater : montage fuyant, dialogues en cascade, musique jazz qui revient comme un hoquet. Par moments, on croirait du Rivette sous acide, ailleurs du Woody Allen tourné à Montparnasse. Mais il y a un plan — une simple marche dans une rue vide, la caméra qui hésite entre deux directions — et là, tout s’arrête. Ce flottement, ce doute, c’est du pur Godard. Alors oui, Nouvelle Vague est bancal. Parfois creux, parfois sublime. Mais dans ce déséquilibre, quelque chose se passe : un cinéma qui se regarde mourir et renaître, encore, encore. Ma note : 13/20.
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